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Gabon/ CNSS : Christophe Eyi, hérite d’une patate chaude – une mission au péril de sa carrière.

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Le gouvernement, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, a procédé récemment à la nomination de Christophe Eyi au poste d’administrateur provisoire de la Cnss, suite à l’adoption par le Conseil des ministres du projet de décret instituant une administration provisoire de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le nouveau promu occupait le poste de Directeur général adjoint de la Caisse des dépôts et de consignation (CDC). C’est donc à ce nouvel homme fort de la Cnss qu’il revient de sauver le navire des eaux troubles, afin de l’épargner du naufrage. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si en 12 mois, Christophe Eyi, réussira à restructurer la Cnss, comme souhaité par le front social, les affiliés et le personnel ?

Christophe Eyi, l’administrateur provisoire de la Cnss, et le DG sortant, Patrick Ossi Okori, lors de la passation des charges…

Pour ceux qui ne connaissent pas le parcours de Christophe Eyi. Ce dernier a fait quasiment ses classes dans le secteur bancaire. Il a occupé tour à tour les fonctions d’auditeur chez Deloitte, Directeur de l’audit interne de la BICIG, avant de devenir Administrateur Directeur général de la filiale de Leasing de la BICIG, puis comme Directeur du réseau des clients entreprises et État. Depuis juin 2021, il occupait la fonction de Directeur général adjoint de la Caisse des dépôts et consignations du Gabon. Dans sa nouvelle veste d’administrateur provisoire de la Cnss, il l’aura la lourde responsabilité d’assurer l’administration, la gestion et la réforme de la Cnss sur une période de douze mois. Un grand défi à relever !

Pour sûr, Christophe Eyi hérite donc d’une patate chaude au regard du niveau accru de déliquescence dont souffre l’administration de la Cnss et, du déficit financier auquel la structure est plongée, du fait de la gabegie, des malversations, des détournements et de la masse salariale explosive. L’administrateur provisoire se doit à cet effet, de mettre les bouchées double pour réaménager l’organigramme de la Cnss, et, parvenir à récolter les moyens nécessaires auprès de l’Etat, du patronat, et dans bien d’autres creusets financiers susceptibles de renflouer les Caisses, afin de subvenir sans dysfonctionnement au paiement des salaires du personnel et des pensions des retraités à date échue.

La mise au point effectuée par Patrick Ossi Okori, le Directeur général mis à l’écart, avant son départ, devrait servir tant soit peu, de bréviaire pour la nouvelle équipe dirigeante, dans le but de procéder au toilettage complet des comptes à tous les niveaux de la chaîne des services de la Cnss. Christophe Eyi devrait également établir un dialogue social franc avec les leaders des différents syndicats liés à la Cnss, afin de recueillir leurs réflexions et, trouver de manière apesée et consensuelle, des solutions inhérents à leurs revendications.

Pour rappel, voici la mise au point faite par Patrick Ossi Okori, sur la situation périeuse que traverse la Cnss depuis des années…

1- Statut de la CNSS :

La CNSS est une entreprise privée, plus précisément un organisme privé chargé de la gestion d’un service public avec une masse de 1976 employés dont certains nommés par l’État dont le Directeur Général et seul 3% de ces 1976 agents ont été formés aux métiers de la sécurité sociale ;

2- Situation de la CNSS à son arrivé :

• Déficit de 28 milliards laissé par les prédécesseurs ;

• Découvert sur tous les comptes bancaires (tous les comptes au rouge) ;

• 55 milliards de crédits spot laissés par les prédécesseurs ;

• Dette fournisseurs de 10 milliards dont près de 6 milliards de fausses factures et surfacturation ;

• 5.000 retraités en attente depuis plus de 5 ans du paiement de leurs retraites pour un montant de 19 milliards ;

• Masse salariale explosive qui représente 41% des frais de gestion de la CNSS ;

• Déficit de la branche des pensions connue depuis 2005 ;

• Des comptes maquillés à souhait par les cabinets d’audits pour présenter une bonne situation de la CNSS alors qu’elle était déficitaire de plus de 28 milliards ;

3- Train de vie dispendieux des prédécesseurs :

• Directeur Général : En plus des frais de mission, 10.000.000 FCFA de prime de représentation pour chaque mission à l’extérieur (ramenés à 5millions par l’actuel D.G) ;

5.000.000 FCFA (Ramenés à 2,5 millions par l’actuel D.G) pour les missions à l’intérieur du pays ;

40.000.000 FCFA de prime de recouvrement (ramenés à 1 million aujourd’hui par l’actuel D.G) ce, sans compter son salaire ;

Le Directeur de recouvrement, gagnait jusqu’à 30.000.000 FCFA de prime de recouvrement (ramenés de 500.000 FCFA à 1.000.000FCFA par l’actuel D.G), ce sans compter les autres avantages et salaires.

4- Dettes CNSS et Gestion.

• 85 milliards d’impayés de l’Etat (M.O.N.P, Société d’État,Task Force, Cession d’hôpitaux et cotisations courantes) ;

• L’Etat s’est engagé à régler une partie de la dette à travers 2 conventions : une de 21 milliards pour la dette liée à la M.O.N.P et une autre de 39 milliards pour le compte des sociétés d’État ;

• Après l’Etat, la CNSS est le plus important propriétaire foncier au Gabon, pour faire face à ses dettes, la CNSS a dû vendre une partie de son patrimoine. Mais, elle doit en vendre encore plus ;

• La CNSS a des dépenses qui oscillent autour de 23 milliards par trimestre pour des recouvrements en dessous ;

• Près de 700 entreprises doivent près de 300 milliards à la CNSS dont +/- 180 milliards de pénalités pour +/- 120 millions du principal.

Valéry M.

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