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GABON/POINT DE PRESSE : 2ème Restitution du Comité Ad-Hoc du Collectif de la Presse indignée du DNI

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POINT DE PRESSE animé ce lundi 17 juin 2024, par le Porte-parole du Collectif de la Presse indignée du DNI, Stive Roméo MAKANGA. Mesdames et Messieurs les hommes et femmes des médias, peuple gabonais, Après avoir été reçus par le 3e vice-président de l’Assemblée nationale, nous avons été concomitamment reçus par le Directeur de Cabinet du Président du Sénat, le vendredi 14 juin 2024.

Une vue de quelques membres du Comité Ad-hoc du Collectif de la Presse indignée du DNI, autour du Porte-parole, Stive Roméo Makanga, (en Costume)

Aussi, au terme de ces entretiens, notre démarche ce jour ne vise aucune approche conflictuelle, mais plutôt une volonté de restituer à l’ensemble des membres du collectif des communicateurs indignés, la quintessence de nos échanges.
En effet, il s’est agi pour nous de présenter à nos interlocuteurs les enjeux de notre indignation et de façon globale les difficultés encourues dans notre corporation. Ces derniers s’articulent ainsi qu’il suit :

CONTEXTE

Le Dialogue national inclusif qui s’est tenu au Gabon du 2 au 30 avril 2024 a mis en lumière la considération et le traitement particulièrement méprisant qui est réservé à la presse gabonaise. Malgré son rôle crucial dans la diffusion de l’information et l’enrichissement du débat public lors de ces assises. La presse a été confrontée à des difficultés majeures et à une absence de respect flagrant. Parallèlement, la question de la subvention d’aide à la presse, déjà marquée par des critères d’éligibilité inadéquats, une opacité dans la redistribution et des montants insuffisants, a exacerbé les tensions et souligné une profonde iniquité. Ce point de presse met de prime abord en lumière les obstacles rencontrés par la presse lors de ce dialogue crucial, puis dresse un tableau des attentes et des réformes nécessaires pour restaurer la dignité et le soutien équitable à ce pilier fondamental de la démocratie, dans ce Gabon nouveau. Il n’y a pas d’indépendance de la presse sans un soutien de l’Etat.

I- Traitement inadéquat des journalistes au DNI

DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

1. Engagement des organes de presse sans arrangements financiers préalables :

Les journalistes et les organes de presse se sont engagés sans aucun arrangement financier préalable avec les organisateurs du DNI en dépit des demandes de clarification faites par plusieurs organes de presse. Les organisateurs les ayant rassuré que tout était prévu pour satisfaire toutes les parties prenantes.

2. Problème logistique :

Des problèmes logistiques majeurs ont entravé le travail des journalistes accrédités. Ces difficultés incluent l’absence de badges et l’accès restreint à des espaces dédiés au travail du DNI, des complications liées au transport, et souvent un manque d’équipement technique nécessaire. Cette situation non seulement a rendu leur tâche plus ardue, en dépit de la qualité de l’information relayée au public.

3. Gonflage de la liste des journalistes accrédités :

La liste des journalistes accrédités a été volontairement gonflée, incluant parfois des individus n’appartenant pas à la corporation. Ce qui a rendu la gestion des médias plus compliquée avec une cacophonie au niveau de l’établissement de la liste définitive et dilué les ressources disponibles. Ce sur-peuplement a mené à une concurrence inutile entre professionnels de la presse et d’autres secteurs d’activité.

4. Le cachet de prestations humiliant :

Les cachets des prestations offerts ou (concédé) aux journalistes accrédités a été dérisoire, 500.000 FCFA par individu, soit un gain journalier de 17800 FCFA ne reflétant ni leur expertise ni la valeur de leur travail. A croire que pour ce qui est des cachets réservé aux différents prestataires du DNI, les médias fermaient la marche. Cette situation est non seulement dégradante, mais elle dissuade également les professionnels des médias de s’impliquer dans ces événements à l’avenir, ce qui nuirait à la qualité globale des débats publics sur des questions cruciales.

5. L’omission des noms des journalistes accrédités :

Il y a eu des omissions ou négligences dans la mention des noms des journalistes accrédités lors du paiement du cachet. Cet oubli systématique nuit à la reconnaissance professionnelle des journalistes et représente un manque de respect flagrant à leur égard, surtout que des personnes n’ayant rien à voir avec le métier ont été rémunérées.

LES ATTENTES

Réhabilitation des journalistes laissés pour compte :

Il est essentiel de prendre des mesures immédiates pour réhabiliter les journalistes qui ont été laissés pour compte dans ce processus alors qu’ils étaient accrédités. Cela inclut le paiement de leur cachet.

Rehausser le cachet de prestations des médias accrédités :

Les cachets de prestations des médias accrédités doivent être augmentés de manière significative pour être à la hauteur de l’expertise et du professionnalisme exigés par cet événement important. Une rémunération adéquate est essentielle pour la dignité des hommes et femmes des médias.

Mesdames et Messieurs les hommes et femmes des médias, peuple gabonais,

Au cours de nos échanges, nous avons également saisi l’occasion pour dresser de façon succincte, d’autres difficultés rencontrées dans notre secteur d’activité, notamment la subvention d’aide à la presse.

I- Subvention d’Aide à la Presse au Gabon

La subvention d’aide à la presse est un mécanisme par lequel les gouvernements soutiennent financièrement les médias pour garantir leur viabilité et promouvoir la liberté de la presse. Nous avons précisé quelques points clés soulignant l’importance de la subvention d’aide à la presse au Gabon :

1. Protection de la liberté de la presse : En soutenant financièrement les médias, les subventions contribuent à préserver l’indépendance éditoriale et à garantir que les médias puissent fonctionner sans ingérence politique ou commerciale excessive.

2. Diversité et pluralisme des médias : Les subventions à la presse permettent de maintenir une diversité de voix et d’opinions dans le paysage médiatique, favorisant ainsi un débat public vibrant et inclusif.

3. Soutien à la couverture des informations locales : Les médias locaux sont souvent confrontés à des défis financiers, et les subventions peuvent les aider à couvrir des événements et des problèmes locaux importants qui pourraient autrement passer inaperçus.

4. Promotion de la qualité journalistique : En offrant un soutien financier, les subventions permettent aux médias de consacrer des ressources à des enquêtes approfondies, à la formation du personnel et à l’amélioration de la qualité du journalisme.

5. Accès à l’information pour tous : Les subventions à la presse peuvent encourager la production de contenus journalistiques accessibles à tous les segments de la société, y compris aux communautés sous-représentées ou marginalisées.

6. Soutien aux médias en période de crise : En période de crise économique ou lors de situations d’urgence, les subventions d’aide à la presse peuvent jouer un rôle crucial pour maintenir la continuité des opérations médiatiques et garantir un accès à des informations fiables.

En substance, la subvention d’aide à la presse joue un rôle essentiel dans le maintien de la liberté de la presse, la diversité des médias, la qualité journalistique et l’accessibilité à l’information pour tous les citoyens. Cependant, il est important que ces subventions soient accordées de manière transparente, en début d’année et sans ingérence politique indue, et avec une responsabilité accrue pour garantir une presse libre et éthique.

DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

1. Inadéquation entre les critères d’éligibilité et le climat des affaires :

Les critères d’éligibilité pour accéder à la subvention d’aide à la presse écrite ne tiennent pas compte du climat des affaires actuel au Gabon. Les exigences imposées sont souvent éloignées de la réalité économique et structurelle des organes de presse et ne reflètent pas les défis véritables auxquels ceux-ci sont confrontés. Cette inadéquation limite l’accès à la subvention pour plusieurs parmi eux, compromettant ainsi leur capacité à opérer efficacement et à embaucher des collaborateurs. Ce qui permettrait de contribuer à la réduction du chômage.

2. L’opacité dans les critères de redistribution de la Subvention :

La distribution de la subvention est marquée par une transparence insuffisante. Les critères et les mécanismes de redistribution ne sont pas clairement communiqués et ne tiennent pas compte des organes de presse audiovisuels privés. Un fait qui donne lieu à des suspicions de favoritisme et à un manque de confiance parmi les bénéficiaires potentiels. Cette opacité nuit à l’équité et à l’intégrité du processus, rendant les médias sceptiques quant à la justice de la répartition des fonds. Les critères doivent être connus de tous et les montants doivent répondre aux besoins des entreprises de presse.

3. L’insuffisance du montant alloué (500 millions) à la presse privée au regard du nombre de médias existants :

Le montant total de 500 millions de francs CFA alloué à la presse privée écrite et en ligne est largement insuffisant, au regard du nombre croissant de médias opérant au Gabon. Cette enveloppe budgétaire ne permet pas de soutenir de manière adéquate les besoins de fonctionnement, de développement et d’innovation des divers organes de presse. En conséquence, beaucoup de médias peinent à survivre, et la qualité de l’information en pâtit.

LES ATTENTES

– Création d’un cadre législatif définissant les critères d’éligibilité et de redistribution :

Il est essentiel d’élaborer et de mettre en œuvre un cadre législatif précis et transparent qui définit clairement les critères d’éligibilité et de redistribution de la subvention. Ce cadre devrait être élaboré en consultation avec les professionnels des médias, afin de s’assurer qu’il reflète fidèlement la réalité du secteur et les besoins spécifiques des différents types de médias.

– Mise en place d’une Commission multipartite intégrant les représentants de chaque catégorie de médias et choisis par leurs pairs :

La création d’une commission multipartite, composée de représentants de chaque catégorie de médias et choisis par leurs pairs, permettrait de garantir une distribution plus équitable et plus transparente de la subvention. Cette commission devrait être dotée de pouvoirs décisionnels clairs et fonctionner sur des principes de transparence et de responsabilité, rétablissant ainsi la confiance et l’équité dans le processus de subvention allouer aux médias.

Cependant, il est important que cette subvention soit accordée de manière transparente, sans ingérence politique indue et avec une responsabilité accrue pour garantir une presse libre et éthique.

CONCLUSION

La situation actuelle de la subvention d’aide à la presse privée écrite et en ligne au Gabon est préoccupante en raison des critères d’éligibilité inadéquats, de l’opacité dans la redistribution, et de l’insuffisance du montant alloué. Pour remédier à ces défis, il est crucial d’instaurer un cadre législatif clair et une commission multipartite, garantissant ainsi une répartition plus juste et plus transparente des fonds qui prend en compte tous les médias. Ces mesures permettront de les soutenir efficacement, assurant la diversité et la qualité de l’information, essentielles pour le bon fonctionnement démocratique et le développement du pays.

En définitive, avec nos interlocuteurs de l’Assemblée Nationale et du Sénat de la Transition, nous nous sommes accordés de ce qu’il importe que toute action à mener doit se faire sous les sceaux de la responsabilité. C’est d’ailleurs pourquoi nous tenons à réitérer auprès de l’opinion que notre Collectif ne saurait être un instrument de discorde, encore moins de défiance envers les autorités. Mais une force de proposition, qui pourrait servir d’une part, à réparer les injustices dont la presse a été victime lors de la récente messe d’Angondjé ; et d’autre part à conjurer de manière globale et profonde les anomalies longtemps décriées.

Le Porte-parole du Collectif

Stive Roméo Makanga

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