Gabon / Dieudonné Minlama Mintogo, titille la HAC et donne son opinion sur le CFA
L’homme n’est plus à présenter : vous le savez, Dieudonné Minlama Mintogo, est un ancien candidat à la présidentielle 2016 et, L’un des leaders de première loge de la société civile gabonaise. Politiquement parlant, il agit sous l’appârat de son parti politique dénommé, Ensemble pour la République. Cependant, pour apporter sa part de lumière sur les sujets brûlant de l’actualité gabonaise et internationale, notamment le CFA, il s’est prêté récemment au micro de notre confrère La Loup, frappé arbitrairement d’interdiction de parution il y a quelques mois, par notre père fouettard la HAC. Lisons ses propos…
L’Aube: Plus d’un mois après votre déclaration du 12 janvier, où en êtes vous avec la plateforme «Gabon nouveau départ» ? A quand la concrétisation des premières actions ?
DDM: Je tiens d’entrée de jeu à remercier le journal L’Aube de me donner l’opportunité de présenter ce projet de dialogue inclusif.
Déjà, L’Aube sort d’une suspension de plusieurs mois et je profite de cette tribune pour lancer un message à la Haute autorité de la communication (HAC). Lors du dialogue d’Agondjé , je fais parti de ceux qui ont milité pour la réforme du CNC .
L’objectif visé était clair : rendre cette institution plus démocratique et la mettre sous le contrôle et la gestion des professionnels de la communication !
Nous pensions que les communicateurs, de part leur vécu et leur sensibilité , pourraient mieux réguler ce secteur et procéder à un réel renforcement des capacités des acteurs .
Mais depuis que cette structure a été mise en place, nous avons assistons à une pluie de sanctions sur la presse. J’ai la grâce de connaître certains dirigeants de cette institution, dont la plupart sont des militants de la liberté de la presse.
Dans un passé récent , plusieurs d’entre eux ont subi les affres du bâillonnement, les censures arbitraires de la part des maitres de la pensée unique… Mais je suis désagréablement surpris que ces démocrates et hommes de presse que je connais, s’adonnent à la sanction des médias tout azimut allant jusqu’à suspendre de parution les organes de presse pour des périodes parfois très longues .
Je voudrais attirer leur attention sur le fait qu’un organe de presse, c’est d’abord une entreprise. Au-delà des produits qui nous sont livrés, articles, reportages et autres, il y a derrière toute une vie, les emplois, les familles… Lorsqu’on décide de suspendre un journal, cela revient à fermer les portes d’une entreprise, envoyer des dizaines de Gabonais chômage, mettre en difficulté plusieurs familles et les assujettir à la précarité. Je souhaiterais que cette dimension socio-économique soit désormais prise en compte dans les sanctions et décisions de la HAC. Que cette institution comprenne que ce ne sont pas seulement les écrits que l’on sanctionne, mais que l’on met également des familles et entreprises en difficultés. Suspendre un organe de presse devrait être la sanction suprême fruit d’un très long processus …
S’agissant de votre question, cela fait effectivement plus d’un mois que j’ai lancé un appel important. Il s’agit de la tenue d’un dialogue réellement inclusif, suite à une analyse sans complaisance de la situation socio-politique et économique du Gabon, et de notre vivre-ensemble.
Depuis cet appel, je discute avec les Gabonais, les ONG, les partis politiques, les confessions religieuses, ainsi que les partenaires extérieurs. Car je pense que dans l’état où se trouve le Gabon aujourd’hui, la seule issue qui s’offre à nous, parce que sage et crédible, c’est un dialogue réellement inclusif.
Tous les Gabonais doivent s’asseoir, se parler, définir ensemble comment doit désormais fonctionner ce pays qui est en situation de crise. D’autant que celle-ci s’est aggravée avec la maladie du président de la République et sa gestion au sommet de l’Etat ; le coup d’Etat manqué du 7 janvier ; la situation économique alarmante. Sur ce dernier aspect, vous avez du prendre connaissance de l’affaire sur l’incapacité du pays à payer les émoluments de son entraîneur national de football. Et lorsqu’on arrive à ce niveau, c’est que la situation est sérieusement grave. La crise est mûre. Nous devons avoir le courage de l’affronter. Tous les gabonais qui aiment ce pays et qui pensent à l’avenir de ce pays doivent oeuvrer pour la tenue ce grand ce grand dialogue.
De fait, j’attends de ce dialogue la participation de toutes les forces vives de la Nation. Aussi, j’attends de ce conclave qu’il se termine sur quatre grands consensus : politique, économique, social et le vivre-ensemble. Cela nous permettra de solder le passif en trouvant des solutions sur tous les sujets qui fâchent , de réconcilier les gabonais et de définir ensemble les bases d’un nouveau départ !
Je continue les discussions avec tout le monde et très bientôt, mes interlocuteurs et moi signerons une convention pour la tenue de ce dialogue réellement inclusif au Gabon.
L’Aube : L’Afrique a enregistré une recrudescence de débats sur le franc CFA. Cette monnaie menace-t-elle la souveraineté des Etats de la zone FCFA ?
Les débats actuels et les accusations qui sont faites à la France découlent de la crise migratoire dans les pays du Nord. Cette crise menace la stabilité de ces pays . Certains gouvernement sont tombés à cause de cette crise . Cette crise fait le lit des politiques extrémistes . Elle mérite dont d’être traitée . Aussi , il me parait juste , au préalable de cerner les origines de cette crise sinon elle va s’amplifier et pourquoi pas déstabiliser les pays du Nord .
Comme vous le savez , l’Afrique n’offre plus d’espoir à sa jeunesse. Beaucoup de jeunes africains meurent dans les océans en essayant de regagner l’Europe dans des embarcations de fortune. A mon avis, il va falloir que l’Europe et l’Afrique se retrouvent pour discuter.
Il y a beaucoup à dire sur les relations entre les anciens colons et leurs colonies. Pour aller dans le concret, je milite pour une rencontre importante entre les pays colonisés et ceux qui les ont colonisé. Cette rencontre devrait déboucher sur un plan Marshall. Je pense que la colonisation, l’exploitation des matières premières, le franc CFA et autres, méritent bien une messe!
Les opinions publiques ont considérablement évoluées en Afrique et en Europe . Les situations ne peuvent plus restées en l’état !
L’Aube: Un plan Marshall pourquoi faire ?
DDM: Un plan Marshall qui permettrait aux pays du Nord de nous aider à sortir de la situation actuelle. Pour que les jeunes africains aient espoir et espérance de vie chez eux.
L’Aube: De quoi serait composé ce Plan Marshall Mr le Président ?
DDM: En résumé , j’imagine un plan Marshall basé sur quatre (4) points : la reconversion de la dette dues par les pays africains aux anciennes colonies en projets d’infrastructures et en fonds en développement local , la délocalisation des entreprises européennes en Afrique pour transformer ne fut ce que 50 % de nos matières première au niveau local , la révision de certains traités et accords et; enfin l’accompagnement démocratique .
Je reste convaincu qu’un tel plan permettra à l’Afrique de retenir ses fils et à l’Europe de réduire de façon très significative ces migrations , qui à terme , peuvent la déstabiliser .