Gabon/ Le Détective/Pilotage maritime : les dessous du manque à gagner causé par l’opérateur GPM à l’Etat gabonais.
L’Opérateur maritime, Gabon Port Management (GPM), du Groupe japonais Mitsui, exerçant dans les eaux sous juridiction gabonaise, est désormais sous le collimateur des fins limiers de la régulation du trafic portuaire. Il lui serait reproché depuis 2016, le fait d’engranger illégalement des revenus à coup de milliards de francs cfa. Avec pour corollaire, un manque à gagner pour l’Etat gabonais sur les dividendes colossaux générés. En effet, l’opérateur GPM, verserait dans l’illégalité sur l’exploitation du chenal depuis prés de 8 ans. En d’autres termes, il aurait abusé de sa convention de concession avec la complicité d’une main tapis dans l’ombre. A t-on appris.
De sources concordantes, l’opérateur GPM se serait permis d’opérer en toute illégalité durant plusieurs années, dans le chenal d’accès au Port d’Owendo qui s’étend de la bouée Thémis au large de Libreville, à la bouée pilote située au sud du Barracuda, sous le regard des autorités en charges des Transports et de la Marine marchande qui se sont succédées, y compris les DG de l’autorité portuaire qu’est l’Oprag.
Le pilotage maritime, une affaire à gros sous…
A titre de rappel, conformément aux dispositions en vigueur de la convention maritime internationale et le code de la Marine marchande CEMAC (article 660), c’est à l’autorité maritime compétente qu’il convient d’organiser ce service public afin d’assurer une bonne utilisation du domaine et de préserver au mieux l’environnement, ainsi que de garantir la sécurité de la navigation. En république gabonaise, l’activité du pilotage est encadrée et organisée par : le code communautaire de la Marine marchande ; la loi n°10/63 du 12 janvier 1963 portant code de la Marine marchande gabonaise ; l’arrêté n°0514/MTMM/DGMM du 22 octobre 1999 portant organisation du pilotage et fixant le régime du pilotage dans les eaux maritimes gabonaises ; et enfin, l’arrêté n°0480/MT du 26 septembre 2016 portant délimitation des zones de pilotage et fixant les conditions de leur exploitation.
Avec autant de textes réglementaires, comment l’opérateur japonais GPM, aurait t-il pu exercer durant toutes ces années dans l’illégalité sans en être inquiété en dépit de multiples appels à l’ordre qui lui auraient été adressés par les autorités portuaires qui se sont succédées ? N’est-ce pas curieux ?
C’est en septembre 2007 que GPM a signé sa convention de concession avec l’Office national des Ports et rades du Gabon (Oprag), avec pour mission, entre autre, la gestion du pilotage maritime dans les ports d’Owendo et de Port-gentil. L’article 1-1 de ladite convention stipule clairement que : le concédant qu’est l’Oprag concède à titre exclusif au concessionnaire les zones du domaine public portuaire figurant sur le plan en annexe A-1 et A-2 et comprenant les ouvrages et espaces suivants :
– L’appontement d’Owendo, soit les postes 1; 2 ; 3 et le poste en vrac liquide n°4, ainsi que les terres pleins adjacents situées à l’intérieur de la limite tracée en gras sur le plan annexé en A-1 et du plan d’eau adjacent.
– Quant au Port de commerce de Port-gentil, il leur a été accordé les terrains portuaires contigus, situés à l’intérieur de la limite tracée en gras sur le plan annexé en A-2 et du plan d’eau adjacent.
Avec autant de clarté, pourquoi l’entreprise GPM s’entête t-elle à opérer depuis des années, au-delà de sa zone d’exploitation, et ce, aux fins de s’attribuer arbitrairement l’exclusivité et le monopole du pilotage maritime au Gabon ?
C’est à compter de l’année 2016, jusqu’à en 2019, qu’il a été donné aux autorités de l’Oprag et celles de la Marine marchande, de constater la défiance et l’entêtement orchestrés par GPM en matière d’exploitation hors des zones concédées, notamment le quai minéralier de Comilog, Gsez Port et Gsez Mineral Port. Or, il n’est nullement autorisé à GPM dans la convention, le monopole des activités au sein de ces Ports privés.
Une dérive qui susciterait une concurrence déloyale vu, le nombre limité de pilotes agréés que disposent GPM et, les caprices liés à leurs préférences pour les navires minéraliers aux détriment des moins offrants, sans tenir compte de l’ordre de départ des navires. Une réalité qui a d’ailleurs engendrée l’incident causé il y a quelques années par le pilote Jean Nicodème.
Et pourtant, GPM à lui seul, bien que convoitant le monopole, ne saura, face à l’insuffisance des pilotes à son actif, desservir loyalement et équitablement le pilotage dans ses quatre quais autorisés et, dans l’ensemble des Ports privés du Gabon, dès lors qu’ils exercent tous les mêmes activités. C’est tout simplement de la concurrence déloyale ! Un conflit d’intérêt qui porte atteinte à l’économie maritime. C’est inacceptable dans un pays qui se repecte. Nul n’ignore que la charité bien ordonnée commence par soi-même. Il est donc impératif pour le ministre des transports actuel, voire le Président de la transition, chef de l’État, de tapper du point sur la table afin de mettre un terme à cet abus qui saute aux yeux. Sinon, ce serait un manque à gagner continuel pour l’État gabonais.
Affaire à suivre…
Valéry M.