Pensée Azizetique / An 54 – PDG : en ordre de bataille ou en naufrage programmé ?
Par Ali Akbar Azizet : Il règne et impose sa loi sur le Gabon depuis 1968. Au départ, Parti unique, et ce, pendant 22 ans, il s’est converti au multipartisme, par la force des évènements en 1990. Et, malgré toutes les pressions des forces vives de l’opposition, il demeure le maître du pays. Face aux soubresauts et/ou aux violentes tempêtes électorales, il a toujours su se relever. Echappant ainsi, au naufrage. Même au moment où, le Grand Camarade, Président fondateur feu Omar Bongo Ondimba, ne vendait plus cher sa peau, le PDG a su résister contre vents et marrées. Mais jusqu’à quand se maintiendra t-il au pouvoir après 54 ans de règne, au regard de sa fragilité actuelle ?
Le Parti dit de masse a échappé bel à une dissolution en 1990 pour être remplacé par le rassemblement social – démocrate gabonais. L’éphémère et jadis très controversé RSDG.
Depuis lors, grâce à la désolidarisation des forces de l’opposition qui ne tirent jamais les leçons de leurs faiblesses, le PDG semble se requinquer et reprendre du poil de la bête. Faisant de lui jusqu’à présent, la principale force incontournable au paysage politique national. Toutefois, les enjeux électoraux à venir sont à craindre vu les déboires de la presidentielle de 2016, et les limites observées dans la gestion du pays depuis 2009. Toute chose qui donne du grain à moudre au peuple de l’opposition en 2023.
Certes, pour bien de militants, le Parti du défunt d’Omar à encore de beaux jours devant lui, qu’on l’aime ou pas, il est là disent les militants : « PDG nga…nga , PDG douma …douma PDG mbembe, PDG bilolooooo » comme ils ont l’habitude de le scander depuis l’époque du monopartisme triomphant.
Sauf que, des années se sont écoulées, et le PDG peine aujourd’hui à survivre de la disparition de celui qui en était l’astre de la constellation et la solidarisation des énergies dans une galaxie où, étoiles montantes, petites ou grandes étoiles, météorites et autres astéroïdes s’y côtoyaient paisiblement. A ce qui paraît, le Parti démocratique gabonais donne aujourd’hui l’impression de vivres ses derniers instants, avant la chute.
Les dernières nominations au sein du Parti de masse sont presqu’un signe annonciateur d’une fin d’un long règne. Les règlements de comptes entre les Bounguendza boys et les bla boys, puis, la disparité lors des dernières Nominations du 9 mars, en font également foi. Il est donc à craindre que les forces se réclamant de l’opposition parviennent à capitaliser et tirer profit de la fragilité dont fait preuve aujourd’hui l’ex parti unique.
Ces déchirements et autres règlement de compte vont -ils faire avancer le débat politique national ? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où, il s’agit beaucoup plus d’invectives entre courtisans, chacun tenant à paraître comme le plus proche du « suzerains ».
Il est aussi curieux de constater que les échanges, parfois discourtois et même violents tournent autour de la personne d’Ali Bongo Ondimba, sans que nul ne fasse allusion aux réformes démocratiques préconisées par les parties prenantes du Dialogue politique d’angondje, feignant d’oublier qu’aucun « plan » fut-il stratégique ou émergent, ne peut permettre de parvenir au développement tant que ces réformes n’auraient pas été effectives. A moins de planer dans l’illusion. 2023 n’est plus loin, croisons les bras et observons ce que l’avenir nous réserve…
Ali Akbar Azizet, Journaliste d’investigation politique, Conseiller politique indépendant, spécialiste du Gabon.