Gabon/ CNSS : Patrick OSSI OKORI, le DG limogé de la Cnss, a craché le morceau avant de faire ses valises.
Le DG limogé de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) Patrick Ossi Okori, sentant l’étau se resserrer sur la question de son départ, n’a pas hésité à se livrer à une interview pour révéler de tout cœur sa part de vérité sur la descente aux enfers de la Cnss. Sa prise de parole aura démontré sa parfaite maîtrise du sujet. Le cas échéant, au terme de son argumentaire, l’opinion publique s’est réjouie de la pertinence des réponses techniques apportées par ce Monsieur, au point où, on est tenté de se demander, pourquoi le Chef de l’Etat a t-il choisi de le mettre à l’écart ? Est-ce parce qu’il en savait trop ? Ou, est-ce du fait de sa rigueur dans la mise en œuvre de ses réformes ?
Voici en résumé, ce qu’il faut retenir des révélations fracassantes faites par Patrick Ossi Okori, le DG de la Cnss fraîchement limogé…
1- Statut de la CNSS :
La CNSS est une entreprise privée, plus précisément un organisme privé chargé de la gestion d’un service public avec une masse de 1976 employés dont certains nommés par l’État dont le Directeur Général et seul 3% de ces 1976 agents ont été formés aux métiers de la sécurité sociale ;
2- Situation de la CNSS à son arrivé :
• Déficit de 28 milliards laissé par les prédécesseurs ;
• Découvert sur tous les comptes bancaires (tous les comptes au rouge) ;
• 55 milliards de crédits spot laissés par les prédécesseurs ;
• Dette fournisseurs de 10 milliards dont près de 6 milliards de fausses factures et surfacturation ;
• 5.000 retraités en attente depuis plus de 5 ans du paiement de leurs retraites pour un montant de 19 milliards ;
• Masse salariale explosive qui représente 41% des frais de gestion de la CNSS ;
• Déficit de la branche des pensions connue depuis 2005 ;
• Des comptes maquillés à souhait par les cabinets d’audits pour présenter une bonne situation de la CNSS alors qu’elle était déficitaire de plus de 28 milliards ;
3- Train de vie dispendieux des prédécesseurs :
• Directeur Général : En plus des frais de mission, 10.000.000 FCFA de prime de représentation pour chaque mission à l’extérieur (ramenés à 5millions par l’actuel D.G) ;
5.000.000 FCFA (Ramenés à 2,5 millions par l’actuel D.G) pour les missions à l’intérieur du pays ;
40.000.000 FCFA de prime de recouvrement (ramenés à 1 million aujourd’hui par l’actuel D.G) ce, sans compter son salaire ;
Le Directeur de recouvrement, gagnait jusqu’à 30.000.000 FCFA de prime de recouvrement (ramenés de 500.000 FCFA à 1.000.000FCFA par l’actuel D.G), ce sans compter les autres avantages et salaires.
4- Dettes CNSS et Gestion.
• 85 milliards d’impayés de l’Etat (M.O.N.P, Société d’État, Task Force, Cession d’hôpitaux et cotisations courantes) ;
• L’Etat s’est engagé à régler une partie de la dette à travers 2 conventions : une de 21 milliards pour la dette liée à la M.O.N.P et une autre de 39 milliards pour le compte des sociétés d’État ;
• Après l’Etat, la CNSS est le plus important propriétaire foncier au Gabon, pour faire face à ses dettes, la CNSS a dû vendre une partie de son patrimoine. Mais, elle doit en vendre encore plus ;
• La CNSS a des dépenses qui oscillent autour de 23 milliards par trimestre pour des recouvrements en dessous ;
• Près de 700 entreprises doivent près de 300 milliards à la CNSS dont +/- 180 milliards de pénalités pour +/- 120 millions du principal.
Avec un état de finances aussi chaotique, on comprend aisément pourquoi le navire de la Cnss chavire… Ce n’est donc pas la faute de Patrick Ossi Okori si la structure en arrive à là. Les raisons de son éviction se trouvent donc ailleurs. Bref, la messe est dite ! Le vin est tiré, il faut le boire.
Valéry M.