L’image qui a fait exploser la toile,c’est cette photo entre Jean Ping et Pierre Claver Maganga Moussavou au domicile du dernier cité. Cela a laissé place à toutes les interpretations et autres spéculations et surtout que les deux personnalités ne s’apprécient vraiment guère, du moins, ils le laissent paraître depuis bien longtemps. Qu’est-ce que Jean Ping est bien parti faire chez l’ancien vice-president de la république et allié d’Ali Bongo depuis la proclamation officielle de la dernière présidentielle ?

Jean Ping, opposant numéro un du pouvoir…

Jean Ping et Pierre Claver Maganga Moussavou sont presque des voisins pour ceux qui connaissent les domiciles des deux cités et il suffit juste à l’un de traverser la route pour arriver chez l’autre. Il n’a donc pas fallu une longue distance pour que les deux se retrouvent aussi facilement.

On peut analyser cette rencontre sous deux angles différents:

Pierre Claver Maganga Moussavou qui s’est dernièrement fait humilier par le pouvoir en place avec l’affaire du Kevazingo a besoin de rebondir sur la scene médiatique et politique et Jean Ping peut être considéré comme cet atout majeur pour le remettre sur le feu des projecteurs. Connaissant bien l’homme,il a pu convaincre le président Ping de venir à son domicile pour lui donner quelques informations sensibles, une façon habile de faire chanter le camp du pouvoir. Les jours qui suivent nous dira s’il aura réussi cette tentative de chantage.

Jean Ping quand à lui peut entrer en contact avec Pierre Claver Maganga Moussavou pour mettre le régime dans la panique qui craint que certaines informations sensibles parviennent à ses oreilles.

Il est au cœur du pouvoir depuis 2016 et demeure un témoin gênant de l’aventure de Rabat où Ali Bongo a passé sa convalescence avant son retour définitif au Gabon et c’est à ce moment là qu’il a été écarté avant de se faire évincer.

Jean Ping a pour adversaire, retenez-le, Ali Bongo qui selon son électorat, détient son mandat usurpé en 2016 et ne souhaite qu’une seule chose, c’est de le voir partir du pouvoir. Il a donc besoin du soutien de tous pour atteindre cet objectif.

Et Pierre Claver Maganga Moussavou doit être animé par une certaine idée de vengeance contre ce nouveau clan installé au palais et peut compter sur Jean Ping pour leur faire regretter leur geste.

A titre d’exemple la Côte d’Ivoire qui a vu plusieurs alliances de cette même nature se former.

Lorsque Henri Konan Bedié arrive au pouvoir, suite à la disparition de Felix Houphouet Boigny,il fait d’Alassane Dramane Ouattara son ennemi juré pour l’empêcher d’accéder coûte que coûte au pouvoir. Une fois déchu par un coup d’Etat militaire,Laurent Gbagbo profite en bon tacticien politique de ce contexte favorable pour prendre le pouvoir sans pourtant imaginer qu’un jour les deux frères ennemis, allaient se réunir à nouveau pour comploter derrière son dos et l’écarter du pouvoir.

Pour revenir dans le cas du Gabon,rappelez vous que Pierre Claver Maganga Moussavou était favorable à cette « union sacrée » qui s’était formée avant la présidentielle de 2016 avec le Professeur Albert Ondo Ossa,Casimir Oyé Mba, Didjob Divungi Di Dinge, Moukagni Iwangou, etc. Il était de la marche qui avait eu lieu entre l’ancienne SOBRAGA et l’ancienne RTG, où ils s’étaient fait gazer. Pendant ce temps,Jean Ping et ses alliés de l’époque, avaient plutôt préféré se rendre à une cérémonie traditionnelle au niveau d’ACAE à la célèbre chefferie EKA.

Pierre Claver Maganga Moussavou était l’un des tous premiers candidats à l’avoir félicité au sortir de cette élection, avant de renier sa publication encore archivée, pour aller chercher un poste auprès d’Ali Bongo.

Si Ali Bongo, qui n’a vraiment jamais aimé Pierre Claver Maganga Moussavou, a utilisé les mêmes alliances pour se maintenir au pouvoir, ce n’est pas Jean Ping qui va s’en priver outre mesure, pour prendre ou l’arracher ce même pouvoir.

Si selon Jean Ping, Pierre Claver Maganga Moussavou est une arme politique contre Ali Bongo, alors il pourrait s’en servir contre lui ?

Beaucoup parlent d’une probable réconciliation entre leaders politiques qui n’a pourtant que pour seule volonté évidente de garder Ali Bongo au trône, or, Jean Ping à ce qui semble, prône plutôt pour la recherche de la vérité des urnes et des massacres post-électoraux. Et nulle autre négociation politique sans ces préalables ne serait la bienvenue.

Pour certains compatriotes, Jean Ping reste toujours l’homme de la situation et il travaille activement pour que les choses bougent et changent même si les résultats ne sont pas visibles et le fait d’aller à la rencontre du président du PSD en est aujourd’hui une des preuves. Car qui aurait pu l’imaginer?

Jean Ping discute avec tous ceux qui ne sont plus avec Ali Bongo ou qui veulent ou envisagent de partir. C’est ce que le regretté AMO appelait « faire de l’addition » et non faire dans « la soustraction ». Ce qui est différent d’un dialogue politique ou d’un rapprochement avec le système avec pour objectif de le maintenir en place comme certains le font en acceptant d’y émarger avec comme piètres excuses d’y apporter leur pierre à l’édifice.

Il y a des actualités que l’on ne commente pas et qu’on laisse passer pour voir comment cela va se dessiner. On ne dirais pas à certains qu’ils font dans l’émotion parce que moi-même aussi n’apprécie pas le positionnement ambigu de Pierre Claver Maganga Moussavou.

Cependant, la démarche politique de Jean Ping reste dans la ligne droite de le porter à la tête de ce pays ou de chasser Ali Bongo et son clan du pouvoir. Et le camp d’en face le sait.

Pour d’autres, à travers cette démarche, Jean Ping montre simplement le chemin à ceux qui ambitionnent de rejoindre le camp du pouvoir, qu’ils vont recevoir les mêmes foudres après les avoir utilisé. Bruno Ben Moubamba et Pierre Claver Maganga Moussavou sont des parfaits exemples pour les en dissuader. Comme pour dire que sa posture politique actuelle reste la meilleure pour un Gabon à l’abri de la peur et du besoin.

Récit / PN