Gabon / Covid-19 : Marcel Djabioh met à nu les limites de Guy Patrick Obiang
Depuis un certain temps, M. Guy-Patrick Obiang, porte-parole du Comité de pilotage du plan de veille et de Riposte contre le Covid-19 devient de moins en moins convaincant. Son discours et son attitude diffèrent des toutes premières sorties. Sa modératrice dont le rôle semble se limiter à fixer le nombre de questions des journalistes et lui-même, donnent l’impression de marcher sur les œufs, comme si le but du jeu était désormais d’éviter de trop en dire.
Tenez. Lors de son point de presse du 27 mars 2020, le porte-parole du Comité de pilotage affirmait que la situation épidémiologique était stable, avec sept (7) cas déclarés dont un (1) décès, sur les deux cent huit 208 prélèvements analysés.
Il annonçait que concernant le 7ème cas avéré de nationalité centrafricain, âgé de 52 ans arrivé à Libreville, le 15 mars 2020 par un vol d’Air France, dix-sept (17) cas contacts ont été identifiés. Il n’a cependant, rien dit de ce qu’il en est des contacts de ces cas contacts.
Le lundi 30 mars 2020, il informait l’opinion du dépistage de neuf (9) nouveaux cas positifs au Covid19, portant le nombre cas positifs avérés à 16, soit 5,6% par rapport à environ 286 tests réalisés. Sur les neuf (9) cas, sept (7) avaient effectué un voyage au Sénégal, au Burkina, à Dubaï, en Italie et en France, sans préciser combien provenaient d’où, ni indiquer les dates de leur retour au Gabon et de quelles nationalités sont-ils, s’ils ont été gardés en quarantaine avant le dépistage ou pas.
Selon le porte-parole, les deux (2) autres cas auraient été contaminés par contact étroit avec leur collègue de bureau. Ici encore, il ne dit pas si ce collègues rentraient d’un voyage ou pas, à quelles dates ont-ils été contaminés et s’il s’agit d’un contact avec la ou les mêmes personnes au même endroit.
Le lendemain 31 mars 2020, M. Guy-Patrick Obiang faisait savoir que deux (2) nouveaux cas venaient d’être enregistrés dont une compatriote de 27 ans, médecin dans un centre de santé qu’il n’indique pas. Selon ses dires, cette dernière aurait été contaminée en février, par deux (2) sujets de nationalité inconnue, en provenance de Chine et du Cameroun, avant de présenter QUELQUES SEMAINES plus tard, des symptômes évocateurs du Covid-19, nécessitant sa prise en charge et un test de dépistage.
Vu que cette compatriotes est médecin et que c’est seulement plusieurs semaines après sa contamination certainement due à l’absence d’équipement de protection, on ne peut s’empêcher de se poser les questions suivantes.
– Qu’est-ce qui explique que depuis février, son statut ne soit connu qu’en fin mars ?
– Entre le jour de sa contamination et celui de l’apparition des symptômes, combien de patients, de collègues, d’amis et parents entrés en contact avec elle seraient eux aussi contaminés à ce jour et auraient contaminés d’autres personnes à leur tour ?!
– Où seraient passés les deux cas contaminateurs en prévenance de Chine et du Cameroun, vu que les frontières sont fermées depuis lors et qu’ils ne sont apparemment cités ni parmi les sept (7) premiers cas, ni parmi les neuf (9) suivants ?!
Évoquant le second cas, il indique qu’il s’agirait d’un journaliste employé par un organe de presse international qui aurait été en contact avec un collaborateur revenant de Londres. Encore une fois, le porte-parole du Comité de pilotage s’abstient non seulement de donner le nom du cas et de l’organe de presse, mais aussi la date à laquelle ce contact a eu lieu, et ce que serait devenu le cas contaminateur revenu de Londres. Un manque de transparence qui naturellement expose leurs collègues journalistes et maintient plusieurs personnes, peut-être contaminés et asymptomatiques dans l’ignorance, au risque de propager involontairement le virus. Ce cas revenu de Londres, ne serait-il pas entré en contact avec d’autres personnes que ce journaliste ?
Par ailleurs, brouillant complètement sa communication sur les deux derniers cas diagnostiqués positifs, M. Guy-Patrick Obiang, laisse entendre qu’ils (la compatriote médecin et le journaliste ?) travailleraient sur le même site et seraient entrés en contact avec leur contaminateur provenant de Londres. Ce qui est incompréhensible, étant entendu que la jeune médecin de 27 ans a-t-il dit, avait été contaminée par deux personnes provenant de Chine et du Cameroun.
– Quel est donc ce collègue du journaliste de l’organe de presse qui serait lui aussi entré en contact avec la personne arrivée de Londres ?
– Où se trouve-t-il et pourquoi ni lui, ni la personne revenue de Londres, n’ont jusqu’ici été cités parmi les cas positifs ?!
Entretenir une communication aussi floue et empêcher aux journalistes de poser toutes les questions que se posent les populations ne participe pas à la transparence exigée en pareille circonstances. Cela ne rassure non plus et favorise la rumeur. Par conséquent, le Comité de pilotage du plan de veille et de Riposte contre le Covid-19 a tout intérêt à rectifier le tir.
Aussi, au regard de la gestion visiblement approximative des cas positifs, des cas asymptomatiques et des contacts, le Comité de pilotage devrait-il solliciter de la Commission nationale pour la protection des données à caractère personnel, l’autorisation de lever l’anonymat sur l’identité, les lieux de travail et d’habitation des personnes diagnostiquées positives. Ceci permettra à tout individu ayant eu des contacts avec ces dernières, de se manifester aussi rapidement que possible, afin de se soumettre aux tests rapides de dépistage qu’il conviendrait d’élargir urgemment.
Le Gabon dispose en ce moment de deux cent vingt milles (220 000) kits de dépistage rapide. Qu’attend-on pour former du personnel à leur utilisation dans la lutte contre la propagation du Covid-19, avant que la situation ne devienne incontrôlable ?
Marcel Djabioh / Activiste