Economie / Le Franc CFA vit ses dernières heures : la France sur le point de perdre l’Afrique de l’Ouest ?
Par Sadek Sahraoui – Le Ghana accueillera, ce mercredi, une rencontre de 4 chefs d’Etat de l’espace Cédéao, dans le cadre de l’accélération du processus de création d’une monnaie unique. Cette rencontre réunira la «task force présidentielle», composée des présidents Nana Akufo-Addo (Ghana), Muhammadu Buhari (Nigeria), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Mahamadou Issoufou (Niger). Elle devrait permettre l’adoption d’une nouvelle feuille de route pour la mise en œuvre du programme de la monnaie unique de la communauté, comme il a été recommandé lors de la réunion de Niamey, du 24 octobre dernier.
Autrement dit, ce conclave peut déboucher sur la suppression du franc CFA, ainsi que le demandent depuis des années de nombreux anticolonialistes africains. Une telle résolution pourrait amener la France à perdre un important moyen de pression sur les pays ouest-africains.
Notons que cette réunion succède aux séances de travail des 17, 18 et 19 janvier dernier à Abuja, au cours desquelles plusieurs experts régionaux ont rédigé le document qui sera soumis mercredi aux quatre chefs d’Etat. La Cédéao, qui compte actuellement huit monnaies en son sein, espère la mise en place définitive de sa monnaie unique d’ici à 2020.
En septembre dernier, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis dans plusieurs villes d’Afrique francophone ainsi qu’en région parisienne, à l’appel du mouvement Urgences panafricanistes, pour dire non au franc CFA, qui, selon eux, «empêche le développement» du continent. «On ne peut pas se dire souverains et dépendre d’une monnaie comme le franc CFA», avait déclaré à la presse, à Dakar, Simon Kouka, responsable du groupe de société civile sénégalaise «Y’en a marre !». «La souveraineté implique d’avoir sa propre monnaie.» Monnaie commune pour environ 155 millions d’habitants, le franc CFA est accusé par ses détracteurs de favoriser les intérêts de la France, ex-puissance coloniale, tandis que ses défenseurs soulignent l’importance d’une monnaie commune