Gabon / Covid-19 : Des mesures sanitaires, exposant à la mendicité et à la contamination ?
À la suite du premier ministre, le ministre de la santé a présenté le plan de dépistage massif devant permettre d’endiguer la propagation de l’épidémie au sein de la communauté, en identifiant les sujets sains et les sujets porteurs du COVID-19. Aussi, a-t-il indiqué que ce dépistage se fera de façon progressive dans toutes les provinces du Gabon.
Toutefois, au regard du contexte épidémiologique actuel, il existe deux clusters. Un à Libreville et le second à Bitam. Ainsi, pour entamer la phase une, deux provinces seront concernées. À savoir, celles de l’Estuaire et du Woleu-Ntem.
Concernant le grand Libreville, son département a identifié selon lui, une soixantaine de sites de dépistage qui se déclinent ainsi qu’il suit.
Sites de dépistage fixes :
– Vingt et un (21) sites au niveau du secteur public civil ;
– Quinze (15) sites au niveau du secteur public militaire ;
– Quinze (15) sites au niveau du secteur privé ;
En dehors de ces soixante et un sites fixes, il y aura huit (8) sites mobiles dont le plan de déploiement n’a malheureusement pas été indiqué par le ministre.
Il a par ailleurs informé l’opinion de ce que, concernant les provinces, les sites de dépistage seront situés au sein des Centres Hospitaliers Régionaux et des hôpitaux départementaux. À cet effet, 183 personnels de santé ont déjà été formés.
COMMENT SE DÉROULERA CETTE OPÉRATION ?
Aux dires du ministre de la santé, les populations cibles sont catégorisées de manière suivante :
1- les personnes ayant séjourné à l’étranger entre le 1er et le 19 mars 2020 et leurs familles.
2- toute personne ayant été en contact un sujet atteint du Civid-19 ;
3- les personnes vulnérables du fait d’avoir certaines maladies telles que le diabète, l’hypertension, l’insuffisance rénale etc.
4- les personnes ayant des symptômes évocateurs du Covid-19.
Tout ceci est très bien. Cependant, lors de son point de presse du dimanche 5 avril 2020, le porte-parole du Comité de pilotage du plan de veille et de Riposte contre le Covid-19, confirmait la mise en quarantaine du personnel de l’Hôpital de la Coopération Égypto-Gabonais, suite à la contamination en février 2020, d’une compatriote médecin de 27 ans, médecin, par deux sujets en provenance de la Chine et du Cameroun. Les internautes avaient d’ailleurs pris connaissance d’une note de la direction de cet Hôpital, informant l’ensemble des personnels, qu’une opération de dépistage au Covid-19 devait y être menée par des agents de l’OMS, le 2 avril 2020.
L’on a déploré le fait que les personnes ayant fréquenté cet hôpital de février à début avril, ne furent pas invitées à prendre part à ce test de dépistage rapide, lorsqu’on sait plusieurs patients avaient certainement été en contact avec la jeune médecin, ainsi qu’avec ses collaborateurs.
DES POPULATIONS CIBLES
Au regard des faits survenus à l’hôpital El Rapha, à l’Hôpital de la Coopération Égypto-Gabonais, et à l’Hôpital des Instructions des Armées, et sans prétention aucune, on peut tout de même se demander si le ministre de la santé et ses équipes, n’auraient pas été mieux inspiré en commençant la première phase du dépistage massif, avec pour populations cibles prioritaires les personnes les plus exposées que sont :
– Les personnels soignants, les forces de défense et de sécurité, les agents des administrations publiques et privées ;
– les employés des grands magasins, banques et hôtels ;
– les boutiquiers et les commerçants exerçant dans les marchés, les conducteurs des véhicules de transport en commun ;
– les employés des boulangeries et des usines de plus de cinq ouvriers, les équipes chargées de distribuer les vivres et les bons d’achat dans les quartiers ect., avant même de décréter l’état d’urgence sanitaires et d’envoyer au contact des populations, des individus dont le statut sera inconnu, donc susceptibles d’être des porteurs asymptomatiques transformés en propagateurs du Covid-19, représentant de véritables danger pour les populations, surtout avec l’intrusion autorisée des agents des forces de défense et de sécurité d’entrée dans des domiciles privés, au prétexte de s’assurer du respect des mesures barrières.
Une telle démarche aurait peut-être permis d’isoler rapidement les cas positifs et de procéder à leur prise en charge immédiate, plutôt que d’envoyer au confinement, des personnes infectées qui ignorant leur statut, pourraient contaminer leurs familles pendant cette période. Le cas des cinq membres d’une famille récemment déclarés positifs au Covid-19 par le porte-parole du COPIL en fait foi.
Marcel Djabioh