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Neuf ans déjà qu’il contribue à la fabrication des belles nuits du Cotton Club, trois décennies bientôt qu’avec des casques audio susurrant dans ses oreilles, il flirte avec les platines. Rufus Mabiala ou Ruffin tout simplement, est le plus ancien deejay en exercice au Gabon. Rencontre avec un artisan du night-clubbing librevillois qui livre au passage le hit-parade du moment.

Ses nuits sont absolument plus belles que vos jours. Du haut de sa petite tour de contrôle, il se délecte tous les soirs du spectacle des gens merveilleux atterrissant sur la piste du Cotton Club, le fameux night-club de Libreville. À sa fantaisie, du moins au gré de sa programmation musicale, il les fait bouger, chalouper, sautiller, se trémousser. Ce marionnettiste des dancefloors se nomme simplement Rufus Mabiala, plus connu des bourlingueurs du Libreville by night sous le prénom de Ruffin. Plutôt modeste et sans façon, Ruffin fait tourner le son, sans panache comme les autres disc-jockeys, dans le mythique night-club de Louis, le quartier du divertissement à Libreville.

Marionnettiste des dancefloors, maître du son et de la lumière. © Gabonreview

Mille et une nuits

La cinquantaine et l’embonpoint d’une anti-star, Ruffin est le plus ancien deejay en activité de Libreville. Il a donc traversé bien d’époques musicales et de modes. Au fil du temps, il a connu en effet les belles nuits du Topkapi à Montagne-Sainte, du New-Komo dans le même quartier, du Gin-Fizz à Derrière-l’Hôpital, du New-Pam sur la rue Mont-Bouët, entre autres.  Mais c’est au Topkapi que tout a commencé dans les années 80. Alors qu’il n’est encore qu’élève, il y fait de la plonge pour gagner son argent de poche. Là, il rencontre Ludovic, le deejay roi de l’époque, qu’il monte voir de temps en temps dans sa cabine. Recruté en France par les promoteurs de l’endroit, Ludovic est alors le deejay de référence de Libreville. Il se prend d’amitié pour le jeune Ruffin et fini par lui livrer l’essentiel des ficelles du mixage et des enchainements musicaux.

Le virus est contracté. «Après le Topkapi où je n’étais pas vraiment deejay, même si de temps en temps je remplaçais Ludovic lorsqu’il était de repos, j’ai été contacté par le patron du Gin Fizz, un certain M. Claude. On peut dire que ma carrière de deejay a vraiment débuté là», raconte Ruffin. Sa trajectoire professionnelle l’amène à officier dans la tout premier night-club du quartier Louis, L’Amiral, qui, revendu 5 ans après son lancement, deviendra le VIP, un autre haut lieu du night-clubbing librevillois d’aujourd’hui. Ruffin officie ensuite à Hollywood Café puis au Balibar avant d’atterrir au Cotton Club. Neuf ans déjà qu’il y trône sur les platines, les boutons et le light-show, cultivant le décor musical de ce night-club qui sait si bien mettre en accord toutes les générations, toutes les origines.

Playlist type

Ruffin a forcément passé plus de tubes et de chansons que son auditoire n’en a dansé. Il dit avoir notamment aimé DJ BoBo, TLC et bien d’autres musiques ayant ébranlé les pistes de danse tout au long de son périple de deejay. Toute cette expérience fait de lui un disc-jockey des plus éclectiques de la capitale gabonaise. «Le Cotton Club est une boite cosmopolite, comme on dit. Presque tous les genres, toutes les séries y passent. On peut y passer des tubes des années 80 ou 90, tout comme les tubes les plus à la mode aujourd’hui ou ceux des années 2000. Les gabonais Kifra-L, le nigérian-américain Davido ou la superstar Rihanna par exemple marchent très bien ici», explique-t-il.

Amené à décliner le top 10 de son hit-parade, autrement dit les dix tubes imparables qui bousculent la piste et les fauteuils du Cotton Club, Ruffin énumère, de tête :

  1. Réseaux” de Niska
  2. Goudronnier” (Cobolos) de Don’zer
  3. Baby Na Yoka” de Flavour
  4. Wild Thoughts” de DJ Khaled ft. Rihanna
  5. Rara” de Tekno
  6. Eloko Oyo” de Fally Ipupa
  7. Dedans” de Lova Lova Anelka
  8. Feels” de Calvin Harris
  9. Fall” de Davido
  10. Despacito” de Luis Foncy

Si les deejays sont désormais des stars et qu’ailleurs dans le monde ils vont jusqu’à produire de la musique, à l’instar de David Guetta qui a produit des titres pour Will.i.am ou Rihanna, au Gabon on n’en est pas encore là. Ruffin se contraint donc à cultiver une identité musicale au-delà des modes, faisant du Cotton Club «the place to be» pour les fêtes de fin d’année qui se profilent à l’horizon.

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