Gabon – UE / Dialogue intensif : Feedback sur les séquelles de 2016
Le dialogue politique intensifié entre le Gabon et l’Union européenne (UE) a enregistré une nouvelle phase le 15 décembre à Libreville. Relancé le 25 novembre, après trois ans d’interruption, il a permis aux deux parties d’évoquer tous les sujets fâcheux et de s’entendre sur l’avenir qui pourrait déboucher sur une réparation pour les victimes de 2016.
Une des clés pour assoir une réconciliation durable.
Après la rencontre du 30 novembre dernier au cours de laquelle la délégation gabonaise et celle de l’Union européenne s’étaient convenu de la poursuite régulière du dialogue politique intensif, une nouvelle étape a été franchie le 15 décembre.
Au terme des débats coprésidés par le ministre d’État des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, et l’ambassadrice de l’Union européenne au Gabon, Rosario Bento Pais, les deux parties ont marqué leur satisfécit.
« Nous avons travaillé de matière sereine, sans éluder aucun sujet qui a été mis sur la table parce que ce sont des sujets que nous connaissons et que nous reconnaissons comme essentiels dans notre relation.
Ce sont des sujets sur lesquels les plus hautes autorités nous ont engagés à discuter sereinement tout en invitant nos partenaires à nous accompagner lorsque ce sera nécessaire », a expliqué Alain-Claude Bilie-By-Nze.
La partie gabonaise, représentée par plusieurs membres du gouvernement et celle européenne, représentée par les ambassadeurs des principaux pays de l’UE, ont discuté des droits de l’homme, des libertés fondamentales, de la gouvernance démocratique et de la transparence des élections.
Évoquant les violences postélectorales de 2016, elles ont pu «convenir de l’importance d’une réparation aux victimes, en vue d’une réconciliation durable, dans le cadre des plaintes qui seraient déposées».
La plus sûre garantie contre la répétition de telles violences réside, selon les deux parties, dans «le respect rigoureux de l’État de droit et notamment de la Constitution et des dispositions garantissant les libertés fondamentales et la transparence et la crédibilité des élections».
Les deux parties envisageraient ainsi une réparation pour les victimes de la crise postélectorale de 2016, en vue de créer les conditions d’une réconciliation durable.
Sur la question de détentions irrégulières, détentions préventives au-delà des délais légaux, le Gabon et l’UE ont convenu de remédier à ces écarts récurrents.
Dans ce cas, «le gouvernement gabonais a annoncé la mise en place d’une Commission technique afin de procéder à un examen approfondi, au cas par cas des éventuels dossiers de détention irrégulière dont il pourrait être saisi».
La lutte contre ces écarts se fera également à travers le renforcement des capacités de la Commission nationale des droits de l’homme et des réseaux des organisations de la société civile et du ministère de la Justice.
Ce programme bénéficiera de l’appui des Nations unies et du financement de l’UE afin de permettre de mieux «conduire les enquêtes en cas de violations alléguées des droits de l’homme».
Si les deux parties ont affirmé leur attachement à la liberté de rassemblement, le gouvernement, s’appuyant sur les conclusions du dialogue d’Angondjé, souhaite des évolutions institutionnelles favorables à la décrispation du climat politique.
De même, l’Etat s’est dit déterminé à garantir, sous le contrôle des juges, la liberté d’aller et venir des acteurs politiques.
Les suspensions récurrentes d’organes de presse écrite ou audiovisuelle ont amené les deux parties à convenir d’échanges sur les bonnes pratiques en matière de régulation des médias, tout comme elles ont reconnu la nécessité d’une coopération étroite en appui à l’indépendance de la justice.
«On a pu clôturer, aujourd’hui, le dialogue politique intensifié. On a pu en effet avoir un projet, un brouillon de conclusions qu’on va mettre en vigueur à partir de maintenant et on commence exactement le dialogue politique régulier entre les deux parties, en travaillant en même temps sur ces questions en les approfondissant sur les questions de gouvernance et de démocratie», a déclaré Rosario Bento Pais.
Srce/gabonreview