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Déclaration du Réseau des organisations Libres de la Société civile pour la Bonne gouvernance au Gabon et du Comité de Libération des Prisonniers politiques et personnes des kidnappées au Gabon. Lu par Georges Mpaga : Ma communication de ce jour est axée sur le bilan d’étape de l’action du ROLBG, des défenseurs des droits de l’Homme en faveur des droits de l’Homme et de la démocratie au Gabon.

Je tiens à vous rappeler qu’en matière de droits de l’Homme, le ROLBG est la principale organisation de la société civile qui travaille pour la promotion et la dénonciation des atteintes aux droits de l’Homme au Gabon. L’action du ROLBG a permis depuis 2016 de mener l’essentiel des investigations au niveau national sur les atrocités commises au Gabon lors de la crise post-électorale.

Les informations recueillies sur le terrain ont servi à alimenter les procédures en cours à la CPI et au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme. Durant la période 2016-2018, le ROLBG a contribué à catalyser les différentes dynamiques de la Société civile et des défenseurs des droits de l’Homme à travers la publication de plusieurs rapports, la mise en place des collectifs et comités de défense des victimes ainsi que le développement des campagnes de sensibilisation et de plaidoyer au Gabon et à l’étranger.

Sur la question spécifique des prisonniers politiques et disparitions forcées de plusieurs citoyens gabonais et étrangers, le ROLBG est au cœur de la mobilisation et du plaidoyer visant à rendre la liberté à l’ensemble des leaders politiques et activistes arbitrairement emprisonnés ou séquestrés dans les centres de détention au mépris de la loi, pour avoir dénoncé la mauvaise gouvernance et faillite de l’Etat de droit au Gabon.

Aujourd’hui plus qu’auparavant, le Gabon est devenu un Etat de non droit, une république bananière gérée de manière oligarchique violant systématiquement les fondamentaux d’un Etat démocratique.

Vingt et un mois (21) après la présidentielle truquée du 27 aout 2016,

1. Bertrand ZIBI ABEGHE,
2. Landry AMIANG Washington ( le plus ancien prisonnier politique qui totalise 22 mois de privation de liberté), Bertrand ZIBI ABEGHE
3. Landry AMIANG WASHINGTON
4. Frédéric MASSAVALA MABOUMBA
5. Pascal OYOUGOU
6. Firmin DIVASSA
7. Noël LOUEMBET
8. Gabin BOUYENDOU BIDONA
9. Christian GOTALOWA
10. François PAMBO POUMEDIAN
11. Bachir ISSA IDRIS
12. Vianney MEYE M’ESSONO
13. Parfait Modeste OGANA
14. Rudel ASSOUMOU NGUEMA
15. Darnus NGOMO NKOGO
16. Mitch MAÎSSA
17. Rivaldo DIANZA MAKINDA
18. André Marc AKOUROU ABESSOLO
19. Malick MOUSSAVOU
19. Galvin MBAZOGO
20. Serge NTOUTOUME NZOGHE
21. Fabien NZE MISSEME
22. Hervé MOMBO KINGA
23. Arnold ZANG OBAME
24. Aristide MPEME DIAHO
et sans aucun doute, en l’absence de toute enquête indépendante, des centaines d’autres anonymes croupissent dans les prisons mortifères du régime.

Mesdames et Messieurs de la presse,
Je tiens ici et devant vous à interpeller le Haut –Commissariat des Nations –Unies aux Droits de l’Homme, l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, sur le sort et la condition déplorable des prisonniers politiques au Gabon. Comme en Corée et au Venezuela, les personnes emprisonnées au Gabon sont des acteurs pro-démocratie engagés dans les mouvements d’opposition au contrôle politique du Gabon par le clan bongo depuis 1967.

Ces personnes constituent nos héros qui ont osé s’opposer au système arbitraire en vigueur au Gabon. Les rapports et les multiples investigations du ROLBG ont confirmé la généralisation et l’institutionnalisation de la torture infligée aux prisonniers politiques, élargie à l’ensemble des détenus.

Avec 4000 prisonniers pour une capacité d’accueil de 300 personnes, la prison centrale de Libreville est un camp de concentration dans lequel les violations des droits de l’Homme sont massivement planifiées et organisées sous la direction personnelle de l’ancien directeur de ce pénitencier, assisté de son directeur de la détention. Les épidémies notamment, le Vih/sida, la tuberculose, le paludisme sont répandues et hors contrôle. On note plusieurs dizaines de décès faute de prise en charge médicale.

S’agissant du limogeage du directeur de la prison centrale Libreville poursuivi par le ROLBG devant le tribunal de Libreville pour son implication dans les violations des droits de l’Homme, cette décision attendue par les défenseurs des droits de l’Homme et la communauté internationale, ne saurait soustraire ce tortionnaire à la justice. Maintenant que Paul MITOMBO n’est plus en fonction, ses protections politiques qui lui ont permis de se soustraire de la justice tombent.

La première plainte contre le tortionnaire Paul MITOMBO a été jugée irrecevable pour des raisons évidentes liées à l’instrumentalisation et au contrôle politique de la justice au Gabon, la Société civile par ma voix s’engager à traquer par les moyens judiciaires, l’ancien directeur de la prison centrale de Libreville. Etat partie à la Convention des Nations –Unies Contre la torture, le Gabon doit immédiatement mettre un terme à la torture sur l’ensemble du territoire national. Le Gabon doit immédiatement et sans condition préalable, accepter l’inspection des prisons du pays par les Nations-Unies, l’Union Européenne, la Commission nationale des droits de l’Homme, Amnesty, la FIDH et la Société civile.

La prison centrale de Libreville qui dévient un camp de concentration doit être désengorgé. Cela suppose, la libération de tous les prisonniers ayant commis des infractions mineures. Cela suppose par ailleurs, la mise en place des peines de substitution. Cela suppose également la construction de prisons modernes, l’humanisation de la condition carcérale, la mise en place des programmes de formation professionnelle à l’intérieur des prisons. J’en appelle à la mise à niveau des prisons au Gabon et à leur alignement aux normes internationales.

L’autre problème qui nous préoccupe au plus haut point demeure la question des 3 jeunes activistes politiques kidnappés depuis 6 mois et dont le sort est aujourd’hui incertain dont Jocelyn NSIMORO OBAME, Alain MBELLA OBAME et Armel MOUENDOU.

Les familles et les défenseurs des droits de l’Homme demandent par ma voix au régime, de faire la lumière sur 3 cas disparitions forcées. Le Gouvernement en place porte l’entière responsabilité sur cette affaire qui confirme aux yeux du monde, la faillite de la justice et le règne des escadrons de la mort qui terrorisent les citoyens gabonais à travers toutes sortes de violations des droits de l’Homme.

Les crimes rituels constituent la forme la plus abominable de violation des droits de l’Homme au Gabon. Ils se traduisent par des disparitions forcées, de femmes, d’enfants et de personnes adultes. Les victimes sont souvent sauvagement assassinées, mutilées et leurs organes prélevées et vendus à des hommes politiques gabonais à des fins de magie noire, de sciences occultes, de sorcellerie. Depuis le début de l’année, le phénomène de crimes rituels gagne en intensité avec des découvertes macabres à Libreville et dans tout le pays. Face à cette situation, je dénonce le silence coupable du ministère de la justice et de la Commission des droits de l’Homme.

Les commanditaires et les exécutants de crimes rituels bénéficient de protections dans les différents cercles occultes qui ont pris en otage le système judicaire.

Il est aussi inacceptable et inconcevable que le Gouvernement en place ne porte aucune indignation sur ses massacres dont la presse au quotidien fait en échos.

En définitive, 21 mois après la présentielle frauduleuse du 27 aout 2016, l’Etat de droit et la démocratie sont gravement bafoués. L’espace Civic est inexistant. Les institutions dans leur ensemble sont illégitimes, anti-démocratiques et illégales.
Le Gabon n’a pas de Constitution démocratique qui garantit l’exercice des droits civils et politiques, l’accès à la justice et au bien commun. Les élections sont une parodie, une mascarade servant à maintenir le Gabon sous l’esclavage d’une famille, d’un clan qui ont mis le pays dans un état de déliquescence. La dernière révision constitutionnelle votée par un parlement illégitime est aussi illégale. La Société civile qui considère que ce processus ne pouvait être mis en œuvre par un parlement assurant les affaires courantes et dont le mandat avait largement expiré et que processus s’inscrivait dans le prolongement du coup d’état électoral de 2016.

.En démocratie, la légitimité est conférée par l’élection. Un parlement non élu et peu engagé la nation.

Dans un système démocratique, le gouvernement n’emprisonne pas les citoyens à cause de leurs opinions politiques. Dans un système démocratique, la justice est au service de l’équité et de la vérité. Elle agit dans le sens du bien commun.

Au terme de mon propos, je tiens à réaffirmer l’engagement de la Société civile en faveur de la transformation démocratique du Gabon, de la lutte contre la corruption et les violations des droits de l’Homme. Le Gabon ne saurait éternellement rester dans l’immobilisme et l’obscurantisme
La liberté est non négociable avec un régime illégitime et autoritaire.

En cette solennité j’appelle Monsieur Ali Bongo à libérer tous les citoyens gabonais qui croupissent par sa seule volonté, dans les prisons gabonaises. A ce titre , Bertrand ZIBI , Landry Washington, Pascal OYOUGOU, Frederick MASSAVALA, Hervé MOMBO, PEME DIAHO, Arnaud ZANG et tous les autres prisonniers politiques doivent être remis en liberté. Tout comme les 3 citoyens congolais détenus depuis 5 mois au CEDOC à Franceville, dans le cadre de l’affaire « Général MUNENE ».

Devant la détérioration continue des droits de l’Homme et des libertés, je demande à la communauté internationale principalement l’Union Européenne, les Nations-Unies et à la Cour Pénale internationale de maintenir les pressions sur le régime d’Ali Bongo et d’exiger le déploiement des enquêteurs indépendants au Gabon.

Le dossier des crimes contre l’humanité commis au Gabon par le régime gabonais reste d’actualité.

Fait à Libreville mardi 22 mai 2018. .

Georges MPAGA

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