Economie / Fin du franc CFA : Une indépendance empoisonnée !
La France signe la fin du franc CFA en adoptant le projet de loi ce mercredi 20 mai en Conseil des ministres. L’activiste sénégalais Guy Marius Sagna dénonce un processus anti-démocratique. Le porte-parole du Frapp (Front pour la Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine) l’assimile plutôt à une fausse indépendance et réclame une rupture du cordon ombilical. Entre autres, il énumère la sortie de la France de nos conseils d’administration de banque centrale, le rapatriement en Afrique de nos réserves de change, la fabrication en Afrique de nos signes monétaires…
In extension,
“Le problème du franc CFA n’a jamais été de savoir si c’est une monnaie africaine ou une monnaie française. Même Léopold Sédar Senghor le 07 juin 1977 dans un article de Jeune Afrique intitulé “La monnaie CFA: une longue histoire entre maître et esclave” disait: “aujourd’hui on est colonisé et on ment au peuple en disant qu’on est libre”.
Abdou Diouf, son successeur, dira: ” comme tous ces gens, je suis opposé à la gouvernance de la monnaie par le trésor français “.
Le problème du franc CFA a toujours été, et la décision du conseil des ministres français d’aujourd’hui le prouve encore, l’absence de volonté et de courage politiques de nos élu.e.s soumis.e.s à l’impérialisme en général dans le cas du franc CFA à l’impérialisme français en particulier.
Le conseil des ministres français ajoute de l’eau à notre moulin, nous abolitionnistes de l’esclavage monétaire. C’est pas le conseil des ministres sénégalais ou burkinabé, ou béninois ou nigérien qui a entériné un projet de loi. Mais le conseil des ministres français. Ce qui prouve encore une fois ce que Joseph Tchudjang Pouemi a dit en 1978: : ” (…) le franc CFA (…) est en réalité la créature de l’État français (…)”.
Or, nous n’avons pas élu Macron mais Macky, Talon, Ouattara, IBK, Bongo, Biya…
Pourquoi alors nos assemblées nationales, nos conseils des ministres attendent les consignes de la France pour savoir dans quelle direction aller?
Sous nos yeux se déroule un processus d’octroi de l’indépendance monétaire. L’octroi de l’indépendance juridique dans les années 60 montre que quand c’est l’impérialisme qui donne, ce qu’il donne est du toc, du faux, de la tromperie.
Nous assistons à un processus anti-démocratique. Les autres peuples sont consultés à travers leurs représentations parlementaires ou des référendums. Pourquoi il n’y a pas en Afrique de débat national, de référendum, de réunion des députés sur la monnaie?
Le FRAPP a lancé en octobre 2017 la campagne ” pour la souveraineté monétaire, France dégage “. Autrement dit, nous exigeons un Frexit ou la sortie de la France de nos affaires monétaires.
Nous demandions 3 choses:
1- la sortie de la France de nos conseils d’administration de banque centrale
2- le rapatriement en Afrique de nos réserves de change
3- la fabrication en Afrique de nos signes monétaires.
Ajoutons une 4e chose: l’organisation de référendum sur la monnaie dans tous les pays africains de la zone franc CFA.
N’oublions pas que ” le destin de l’homme se joue sur la monnaie”. Il peut sembler bizarre qu’en plein coronavirus ce débat soit posé. Soit! Mais constatons que les pays qui ont pu injecter suffisamment d’argent dans leur économie pendant ce moment de crise sanitaire sont les pays ayant la souveraineté monétaire.
Guy Marius Sagna