Pensée Azizetique/ L’ethnie : une base sociologique des Partis politiques en Afrique
La lutte des classes, engendrée par le capitalisme, opposant bourgeois capitalistes et prolétaires (ouvriers), devait se solder par la victoire des seconds sur les premiers, grâce à leur force de travail, et leur appartenance aux éthnies majoritaires. On serait à cet effet, dans une logique de révolution prolétarienne.
Avec des fortunes diverses et dans des contextes spécifiques découlant de l’histoire ethnographique, du niveau de développement de chaque peuple et sphère géographique, des expériences de révolution prolétarienne ont eu lieu de part et d’autres dans le monde. Surtout, dans les régions où le système capitaliste n’était pas encore suffisamment avancé.
Tout au long de son histoire, notamment dès le contact avec l’occident judeo- Chrétien, qui venait de passer du mode de production féodale, au mode de production capitaliste, la société africaine n’a été qu’une périphérie du capitalisme européen – le qualificatif de « périphérie » est du panafricaniste, progressiste, egypto – , français, Samir Amin.
Bien qu’étant une « périphérie » du capitalisme européen, les transformations économiques et sociales qu’une telle situation a engendrée ont certes généré de nouvelles composantes sociales, mais elle n’ont pas permis de créer, dans la conscience de l’homme africain, le sentiment d’appartenir à telle ou telle classe sociale .
C’est ainsi que l’ethnie est demeurée une composante sociale incontournable, une base sociologique sur laquelle s’appuient les partis politiques. Ce n’est guère pour rien si, dans le cas du Gabon, en dehors du parti démocratique gabonais (PDG), qui a bénéficié de sa longévité en tant que Parti Etat, tous les autres Partis politiques nés pendant et après le conférence nationale de 1990 recrutent prioritairement et essentiellement au sein des ethnies dont leurs Leaders sont originaires.
Il n’y a d’ailleurs pas qu’au Gabon où une telle situation est observable. Au Congo (RDC) par exemple, tous les Bakoumba se reconnaissent en l’UPDS de Tsisekedi. Au Congo voisin (Brazzaville), la plupart des Lari militent au sein du parti de feu Bernard Kolela. Au Cameroun, tous les Bamenda, anglophones, ont la carte de SDF de John Ni Frundi. Les Bamuns, quant à eux, défendent les couleurs d’Adamou Dam Njoya, leader décédé de l’UDC Et les Bamiléké ne jurent aujourd’hui que par Maurice Kamto. Au Togo, les Eyadéma ont réussi à consolider leur pouvoir en s’appuyant sur les Kabye du nord, en les opposants au populations du sud du pays.
Au delà de l’Afrique centrale, les Bete de côte d’Ivoire sont, pour la plupart, des militants du FPI de Laurent Gbagbo, les Malinke ou Mandingue du Nord se reconnaissent, pour certains, en Alassane Dramane Ouattara et pour d’autres, en Guillaume Soro. Tandis que les Akan ou Baoulé sont en majorité, pour le PDCI d’Henri Conan Bédié qu’il a hérité de feu Félix Houphouet Boigny.
C’est dire à quel point la donne ethnique est encore importante dans la sociologique politique des pays africains.
Ali Akbar Azizet, Journaliste d’investigation politique, Conseiller politique indépendant, spécialiste du Gabon.