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Pensée Azizetique / L’incapacité des acteurs politiques gabonais à s’arrimer au modèle de la démocratie française

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Sans remonter très loin dans la nuit des temps, à l’époque de la Gaule, des Mérovingiens et des Carolingiens, c’est en 1795, que les Français s’affranchissent, pour la première fois du régime féodal. Ce fut la première République. L’ordre féodal revint en 1799, avec le retour de Napoléon Bonaparte. La 2ème République fut quant à elle, réinstaurée en 1815. Mais elle fit place au second empire en 1852. Puis, il marqua à nouveau son retour, cette fois – ci, à la 3e République en 1870. Cette dernière s’éteignit en 1946, pour faire place à la 4e République qui, elle même, s’en alla en 1958, lorsqu’éclata la crise algérienne avec le retour au pouvoir de Charles De Gaulle.

C’est donc dire à quel point l’histoire politique de la France n’a pas été un long fleuve tranquille jusqu’à l’arrivée de l’actuel Président, Emmanuel Macron de l’Elysée. Une histoire en plusieurs épisodes parfois ensanglantés, jalonnés du système politique, bien avant que l’on en arrive là.

Même si le processus à mûri, il n’en demeure pas moins qu’il reste toujours à parfaire. Les Français peuvent aujourd’hui se targuer d’être une démocratie qu’envie bien d’autres peuples à travers le monde.

De 1962 à mars 2022, les Français ont connu 8 fois l’alternance au sommet de l’Etat, sans heurts et sans violences, rien que par les urnes.

Et ce n’est guère du jour au lendemain que leur fichier électoral a été rendu fiable ; que leurs circonscriptions électorales ont été découpées, en tenant des critères objectifs ; que leurs institutions et autres instances en charge de l’organisation des élections ont fait preuve d’objectivité, d’impartialité, voire de neutralité. C’est là le fruit de longues rencontres et de plusieurs échanges entre acteurs politiques.

Aujourd’hui, un candidat à la présidence de la République Française est annoncé élu le même jour du scrutin, grâce à la magie de l’institut de sondage d’opinion, le ministère de l’intérieur, puis le Conseil Constitutionnel, ne venant que corriger et valider les résultats déjà connus de tout le monde, ce au 1/100e près .

Du coup, la notion du coup d’Etat électoral est étrangère au jargon politique française. Les chars, les automitrailleuses ne sont guère déployés dans les rues le jour de l’annonce de ces résultats. Et la France s’en porte mieux, du moins démocratiquement.

Tout ceci, rappelons le, n’est pas tombé du ciel. Il a fallu des luttes multiformes, des négociations, des réformes pour en arriver là.

Tirons maintenant des parallèles avec notre pays le Gabon, puisque d’aucuns le font.

Le pays accède à la souveraineté internationale le 17 août 1960, il y a près de 62 ans. Ce fut le fruit de luttes multiformes menées tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur, dans l’empire colonial français. Beaucoup de patriotes y ont donc contribué. D’aucuns y ont payé de leurs vies.

La période allant de 1964 à 1990 constitue l’une des plus sombres de son histoire politique. Le parti unique marque plus particulièrement cette période, avec pour corollaire l »embrigadement des populations, leur asservissement, leur paupérisation, les privations des libertés, la répression et les brimades en tous genres. Cependant, au cours de toute cette triste période, certains gabonais n’ont guère courbé l’échine face à la dictature du parti unique.

La « Résistance » le mot avait tout son sens lorsqu’il fût développé par les Joseph Rendjambe, Pierre Louis Agondjo Okawe, Oyone Aba’a, Jean baptiste Obiang Etoughe, Doukakas Nzie6 Moukwati, jean pierre Nzoghe Nguema, l’Abbé Noël Ngoua Nguema, pour ne citer que ces patriotes ; c’est leur résistance qui força Feu Omar Bongo Ondimba à réinstaurer la démocratie multipartite en 1990.

C’est ainsi que, se mit alors en place un processus démocratique qui suit toujours son cours. il a été amélioré en 1994 avec les « Accords de Paris », puis en 2006, avec ceux d’Arambo.

Bien malheureusement, les dramatiques événements postelectoraux vécus dans le pays en 2009, puis en 2016, prouvent que beaucoup reste à faire ; D’où l’obligation de réformer les institutions et le système électoral.

Pressé de parvenir à l’alternance, comme s’il s’agissait déjà d’un fruit mûr tombant du ciel, d’aucuns refusent de s’attarder sur de telles réformes et optent pour des voies insurrectionnelles, sans réunir toutes les conditions objectives et subjectives pour s’y faire.

Azizetiquement …

Ali Akbar Azizet, Journaliste d’investigation politique, Conseiller politique indépendant, spécialiste du Gabon.

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