Jean Ping, opposant numéro un du pouvoir...

Déclaration du Président Jean Ping. Libreville, le 23 mars 2020 : Gabonaises, Gabonais, Mes chers compatriotes. Dans le contexte du défi mondial de la pandémie du COVID -19, la gravité de la situation réelle, celle que les Gabonais appréhendent, et celle que tout responsable se doit de projeter, commande que je reste constamment à votre écoute.

Coronavirus, la peste qui gangrene le monde…

L’enjeu pour notre Nation m’impose la noble obligation de communiquer avec vous pour maintenir notre mobilisation et ne pas attendre dans la résignation que le Gabon subisse la pandémie. J’ai pris acte dans mon allocution du 13 mars, de l’annonce officielle du premier cas de COVID-19.

Le 20 mars, j’ai adressé ma compassion à la nation endeuillée, suite au premier décès enregistré au Gabon du fait du COVID-19.

Peuple Gabonais,

À la place qui est la mienne, la clairvoyance qui est ma boussole, dans ces heures d’incertitude mondiale, appelle à conclure que les conditions garantissant aux Gabonais, des perspectives rassurantes ne sont pas encore réunies. Parmi les conditions à réunir en pareille circonstance, et qui manquent encore, je citerai notamment la transparence, les infrastructures et le matériel de base. La transparence, sur l’état réel de la pandémie, manque d’autant plus qu’elle ne tombe pas du ciel.

Elle dépend globalement de la qualité de la gouvernance en vigueur dans un État. Elle est fonction de la crédibilité ou pas de la parole publique qui s’adresse aux Gabonais. L’état des infrastructures et l’absence du matériel de base, pour faire face aux stades suivants de la pandémie, si elle n’était pas freinée, suscitent le scepticisme sur notre capacité de riposte et de prise en charge.

D’un point de vue général, la simple adoption du Plan de riposte de l’OMS n’est pas suffisante. C’est pour quoi, le Directeur Général de l’OMS a invité les États africains à se « préparer au pire et à se préparer aujourd’hui ». L’OMS est allée encore plus loin en recommandant le dépistage systématique.

Chers compatriotes,

La stratégie qui se dessine à travers le monde montre bien la volonté de dépasser le stade du confinement. La raison principale est la prise de conscience, sans doute en Afrique plus qu’ailleurs, des limites de la stratégie du confinement. En conséquence des enseignements que je tire de ces évolutions stratégiques, mais aussi de la connaissance des limites opérationnelles et en matière d’infrastructures et de gouvernance au Gabon, je préconise un ‘’PLAN OMS PLUS’’.

Il s’agit d’un plan qui combine le plan de riposte de l’OMS, avec la prise en compte de l’accent que l’OMS met sur la nécessité d’adapter la riposte aux faiblesses que cette riposte peut rencontrer, notamment en matière de gouvernance et d’efficience dans la mobilisation des différentes ressources indispensables.

Ce plan décliné en 4 axes préconise, notamment de :

1 – mettre en place un Mécanisme Technique fondé sur un consensus technique : une Task Force Technique et Consensuelle

2 – constituer des stocks de médicaments en vue d’administrer des soins à base de chloroquine, si cela s’avère nécessaire à très court terme.

3 – élargir la recherche de l’appui et de l’assistance de tous les partenaires possibles, selon les recommandations de la Task Force Technique Consensuelle,

4 – assurer une coordination plus efficiente, au niveau du Gabon, des concours de l’OMS, de l’UA (à travers sa Stratégie conjointe sur le coronavirus), de l’UE et du Système des Nations Unies.

Chers compatriotes,

Je veux insister particulièrement sur deux axes de ce plan. Premièrement, il me tient à cœur de faire de la possibilité de passer aux soins à base de chloroquine, une urgence. Une ardente urgence, à la lumière de ce que je sais de l’état de nos infrastructures et des limites sociétales du confinement ! Je fais le choix de la clairvoyance, dans lequel on voit s’engager, des États comme les Etats-Unis, le Maroc, voire la France et l’Europe, avec le souci d’une riposte la plus rapide possible.

Une riposte qui vise à limiter le poids de la pandémie sur la population, notamment dans la durée ; et à réduire le coût sur la société, sur divers plans.

Deuxièmement, je dis au peuple Gabonais, que la fermeté et la constance de mes positions de principe et de mon refus de la compromission, ne me privent pas de toutes les ressources de la décision, quand le péril plane sur la Nation.

Il s’agit de s’élever à la hauteur de l’histoire. Tel est le fondement de ma proposition favorable à la mise en place d’une Task Force Technique Consensuelle. Il s’agit d’un mécanisme consensuel, pourvu qu’il reste technique.

Tout en comprenant que le consensus politique ne soit pas possible dans le contexte de crise politique des élections présidentielles de 2016, le peuple Gabonais est en droit d’attendre que ceux de ces enfants qui ont des compétences, travaillent ensemble pour le pilotage technique et opérationnel d’un Plan de Salut Sanitaire de la Nation.

Cette Task Force Technique Consensuelle assure une mobilisation réelle et visible multisectorielle en faisant appel au concours d’une diversité d’acteurs, de la société civile aux spécialistes, en passant par le secteur privé.

Chers compatriotes,
Mon leitmotiv est clair : on ne peut jouer. On ne doit pas jouer avec la santé des Gabonais.

Que Dieu bénisse le Gabon.
Vive la République, vive le Gabon.