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Gabon/ Crise CNSS – ITV : Richard Ndi Bekoung : « l’action syndicale n’est pas de demander la tête d’un Manager »

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Face à la crise profonde que traverse la Cnss et, la menace brandie par le front social à l’égard du DG de l’institution, Patrick Ossi Okori, le Président du Syndicat des Professionnels de la Sécurité Sociale (Sypross) fraîchement réélu, Richard Ndi Bekoung » a, pour sa part, donné sa position à ce sujet au cours d’une interview qu’il a accordée à la presse ce dimanche 15 mai 2022. « l’action syndicale n’est pas de demander la tête d’un Manager, parce que c’est pas nous qui les nommons. Donc nous interpelons le gouvernement à réagir très rapidement. Ce n’est pas en changeant l’individu, qu’il va résoudre les problèmes de la Caisse« . A t-il fait observer. Voir ci-dessous le contenu intégral de l’interview…

Patrick Ossi Okori, le Directeur général de la Cnss, dont le front social réclame la tête…

Journaliste :
Bonjour Monsieur le Président, veuillez vous présenter au lecteurs svp.

Bonjour, Je suis Richard Ndi Bekoung, Président du Sypross, Syndicat des Professionnels de la Sécurité Sociale.

Journaliste :
Après votre réélection à la tête du Sypross, quelles sont les activités imminentes que vous envisagez réaliser ?

Richard Ndi Bekoung :
Ce matin, je souhaiterais m’entretenir avec vous, parce que c’est le lancement officiel de nos activités, après ma réélection à la tête de ce Syndicat. Je redémarre avec un mandat de trois (03) ans ; le Bureau est donc déjà connu. Et, jeudi de cette semaine, nous allons procéder à mon installation, ainsi que celle de l’ensemble des membres du bureau. D’ailleurs, la presse est invitée à cette occasion.

Le sens même de cette rencontre, c’est vous dire la ligne qui va constituer notre action durant les trois prochaines années. Aussi, voudrais-je rappeler que, les adhérents, les adhérentes et les sympathisants m’ont fait confiance sur un point, c’est celui de la protection des emplois des travailleurs de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) ; et partant, du maintien des activités, sinon de la solidité de notre institution, à remplir convenablement et de façon pérenne nos missions. A savoir : le recouvrement des cotisations sociales et les paiements des prestations.

Journaliste:
Pouvez-vous nous donner votre avis sur la situation critique que traverse la Cnss actuellement ?

Richard Ndi Bekoung :
Comme vous le savez, la Caisse nationale de sécurité sociale est un patrimoine national. Les questions qui se posent aujourd’hui à la Caisse doivent intéresser tous les gabonais. Ce n’est pas une affaire de Parti politique, ce n’est pas une affaire d’éthnie, ce n’est pas un affaire d’individu. Mais c’est une affaire nationale.

Il faut dire que la politique sociale au Gabon, tourne autour de notre système de sécurité sociale. C’est ce qui nous lie, car chacun de nous, a forcément un parent au privé ou au para-public, qui verse les cotisations, et dont certains sont déjà à la retraite. Donc, la politique de la Caisse nationale de sécurité sociale qui est une politique nationale, vise donc à réduire la pauvreté des ménages, surtout des retraités. C’est le dernier fleuron de notre modèle social. Donc, nous sommes appelés à le sauver !

Pour ma part, je me suis engagé, pour ces trois prochaines années, à protéger et à défendre les intérêts des travailleurs de la Cnss, notamment, sur la question de leurs emplois ; nous allons défendre les emplois de tous les travailleurs de la Caisse nationale de sécurité sociale.

Journaliste :
Alors, parlons de l’actualité, puisque le torchon brûle présentement du côté de la Cnss, où les retraités demandent de manière irrévocable, la tête du Directeur général, Ossi Okori, du fait qu’il serait à l’origine des difficultés que traverse la structure en ce moment. Qu’en pensez-vous ?

Richard Ndi Bekoung :
Pour répondre à cette question, il va d’abord falloir faire le diagnostic. Nul n’est sans ignorer que depuis 2006, il y a un certain nombre d’inquiétude. On a observé par des études, que si rien n’était fait, au bout de 10 ou 15 ans, la Caisse nationale de sécurité sociale, allait mettre la clé sous le paillasson. Et nous en sommes…

Les facteurs qui ont contribués à cette destruction de notre modèle social, tout le monde les connaît. Il y a les reformes paramétriques qu’il faut opérer ; vous savez que la loi qui institue la Caisse nationale de sécurité sociale, date de 1975. Et, les réalités ont totalement changé. A cette époque là, il y avait le plein emploi et moins de retraités. Au fil des années, jusqu’à ce jour, il nous a été donné de constater qu’il y a plus de retraités que d’actifs. Donc le système qui avait été mis en place ne répond plus à ces réalités là.

Fort de cela, dire que la solution serait d’enlever le Directeur général, Patrick Ossi Okori, je crois que c’est de ne pas rendre service à l’institution. Ce n’est pas une question d’homme. Il faut d’abord répondre à la question de la réforme institutionnelle. C’est cela le fondement.

Dans une maison, si les fondations ne tiennent plus, le reste se battira comme sur un fleuve. Ça veut donc dire que ça ne servira à rien de changer la décoration. Il faut changer les fondements ; il faut revoir les fondations de la Caisse nationale de sécurité sociale. J’entends par là : le taux de cotisation ; l’âge légal de départ à la retraite ; la révision des textes qui constituent l’institution. C’est de ça qu’il s’agit.

Le débat doit être porté sur comment refonder l’institution, et non changer de Manager. Oui, je suis d’accord, qu’on se pose les questions sur le management ; mais Monsieur, je vous rappelle que la Cnss a connu au cours de ces cinq dernières années, 4 à 5 Directeurs généraux, mais qu’est-ce que ça a changé ??? Nous, on n’en a contribué, même si, c’est pas l’action syndicale il faut le reconnaître. Parce qu’en réalité, l’action syndicale n’est pas de demander la tête d’un Manager, parce que c’est pas nous qui les nommons.

On demande la tête de quelqu’un quand vous êtes à la décision de la nomination. C’est là où vous dites : il ne correspond pas au portrait robot que nous avons fixé. Donc, c’est une question qui relève du Président de la République. Et qui, d’ailleurs est très renseigné sur les différentes gestions. Certes, il faudrait que ceux qui sont passés à la Cnss répondent de leur gestion. Mais, est-ce que c’est le moment de se focaliser uniquement sur la question de la gestion ? Je dis, non ! Je m’inscris en faux !

Moi, je suis là, pour sauver les emplois des travailleurs de la Cnss. Et donc, pour sauver les emplois, cela passe par les réformes de l’institution. Et il est temps !

L’étude qui a été réalisée par le cabinet Finactu qui n’a d’ailleurs pas encore rendu le rapport, mais au moins qui nous a donné les grandes lignes. Et, c’est ça qui nous inquiète. D’ailleurs, on commence à percevoir ce qui nous avait été dit dans les premières lignes dudit rapport, en ce sens que, si rien n’est fait à court terme ; c’est-à-dire d’ici à juillet, la Cnss ne paiera plus de prestations. Et donc, nous, nous allons perdre nos emplois. C’est ça qui est inquiètant.

C’est tout le sens de notre action pour dire : nos emplois passent par les réformes institutionnelles à court terme. Et, il y a les choses qu’on peut faire à court terme. Tout le monde le sait. Donc nous interpelons le gouvernement à réagir très rapidement. Ce n’est pas en changeant l’individu, qu’il va résoudre les problèmes de la Caisse.

Si on le change aujourd’hui, et que l’étude montre que d’ici juillet, la Cnss ne pourra plus payer les prestations, à quoi bon aura donc servi de changer le Directeur général ? Ça aura résolu quel problème ? Nous, nous disons, le gouvernement a les solutions entre les mains à court, moyen et long terme. La question du Manager pourra se poser. Mais pour le moment, nous pensons qu’il faut d’abord résoudre les questions fondamentales. C’est cela, notre position.

Propos recueillis par :
Valéry M

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