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Gabon / Journée mondiale de la Liberté de la presse : sous le sceau de la paupérisation des médias et la clochardisation des journalistes.

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S’il est un thème approprié à la célébration au Gabon de la Journée internationale de la liberté de la presse, c’est bel et bien « la paupérisation des médias et la clochardisation des journalistes, par les gouvernants ». Une triste réalité incontestablement patante, qu’endurent particulièrement les organes de presse privés et les journalistes indépendants gabonais. A ce sujet, il est clair que les autorités de notre pays, ont réussi à faire main basse sur la corporation en la réduisant à la mendicité et à la corruptibllité la plus absolue jamais égalée…

Le ministre de la communication, Pascal Houangni Hambouroue (à gauche) et le Président de la HAC, Ngoyo Moussavou. 

Parler de liberté de presse au sommet de l’Etat et au niveau de la tutelle, à la veille de chaque 3 mai, c’est bien, et même très bien ! Mais, garantir aux Organes de presse privés et aux journalistes des opportunités professionnelles et des meilleurs conditions de travail qui, permettent un réel épanouissement, c’est mieux. A vrai dire, la liberté de la presse au Gabon n’est rien d’autre qu’une parodie. Ne nous voilons pas la face. D’autant plus qu’elle est servie aux médias gabonais sous un diktat à peine voilé et, une clochardisation devenue légion.

Les autorités de tutelle, sensées défendre et plaider pour la corporation, en l’occurrence, le Ministère de la Communication et la Haute autorité de la communication (HAC), ont prouvé leur limites, car brillant très souvent sur leur sport favori : les mesures coercitives, la sanction, l’intimidation et la censure. Plutôt que d’œuvrer d’arrache-pied pour l’amélioration et le développement réels du secteur.

Pour preuve, la subvention d’aide à la presse, acquise au prix du dur labeur des doyens du metier, (500 millions de francs Cfa) à l’époque du défunt Omar Bongo Ondimba, s’est effritée depuis quelques en arrière (125 millions de francs Cfa) sous le regard indolent des autorités, au point où, à l’issue de sa répartition en commission, certaines Entreprises de presse privées se retrouvent, tenez-vous bien ! avec une somme de 270.000 francs Cfa. Quelle injure !?

Or, ce ne sont pas les pistes de recherche et de mobilisation de ressources financières qui manquent dans ce pays immensément riche. Autant ils ont pu trouver la Redevance Audiovisuelle et Cinématographique (RAC) ; de même il est possible de négocier et d’imposer le partage des dividendes numériques auprès des grands opérateurs économiques qui tirent excessivement profit du digital au Gabon, à la faveur de la presse en ligne. Il y a également la redistribution équitables de la publicité institutionnelle qui aurait pu donner une bouffée d’oxygène à la presse papier. Mais rien n’est véritablement envisagé dans ce sens. Qu’empêchent les autorités gabonaises de s’inspirer par exemple, du Sénégal dont le fond d’aide aux médias avoisine les 4 milliards et demi de franc Cfa, pour la promotion d’une meilleure expression démocratique et pluraliste ? Il y a donc visiblement de la mauvaise foi de la part de nos gouvernants qui, trouvent leurs comptes dans l’affaiblissement, voire la paralysie du 4ème pouvoir ; leur « bête noire »

Pour rappel, voilà ce que dit le code de la Communication au sujet des accompagnements des médias, dans son Titre 12, des dispositions diverses et transitoires, Art.224 : « les entreprises de communication, en raison de la spécificité de leur mission, peuvent bénéficier des avantages à caractère économique, fiscal et social. Un fonds spécial destiné à soutenir l’activité des entreprises du secteur communication fera l’objet d’une loi qui en déterminera l’organisation et le fonctionnement » Le texte est pourtant clair, mais rien de concret n’est fait. Si ce n’est l’énigmatique Fond d’aide à la presse (Fonapresse) qui nous est miroité infiniment par les autorités de tutelle.

Sur le terrain des reportages et/ou des couvertures médiatiques, le phénomène de la paupérisation de la presse privée et ses journalistes y bat également son plein. Dans ce contexte émaillé de tentations, tant entendu que ventre affamé n’a point d’oreilles, les autorités gabonaises, étant convaincues d’avoir réussi à asphyxier le secteur, ne se gênent pas à distribuer aux journalistes à travers leurs « CCom » et ce, au vu et au su de tous, le pitoyable billet de 10.000 frs cfa, devenue légion à chaque fois que « la Presse se retire » au terme des conférences gouvernementales. N’est-ce pas, une malédiction pour notre pays que de voir des journalistes traités de la sorte par les gouvernants ?

Dans de telles conditions, comment peut-on parler allègrement de liberté de la presse, alors qu’en plus de bâillonner les journalistes pour leurs plumes acerbes, ces derniers croupissent dans la misère, perdant ainsi, leur dignité et leur fierté face un métier aussi noble. Même si, nous reconnaissons par ailleurs, qu’en marge des journalistes rompus à la tâche, il existe au sein de la corporation, quelques brebis galeuses, mais dont l’infiltration ne saurait obstruer les missions régalienne de l’Etat.

En définitive, Il y a lieu pour les autorités, de se dire des vérités et, de se pencher sur les vraies préoccupations de la corporation au cours de cette journée internationale de la liberté de la presse. Parmi les attentes, citons entre autres, l’annulation de l’imposition arbitraire de la Redevance de 500.000 frs Cfa par an à la presse en ligne et papier, annoncée récemment par le nouveau père fouettard de la Hac…

Autrement dit, la célébration de cette fameuse journée, devrait servir de déclic pour la prise des résolutions face aux difficultés criardes encourues par la presse en général, plutôt que d’apâter malicieusement un groupuscule de « médias » et/ou de « représentants » à qui on fait porter implicitement l’étendard de la presse gabonaise toute entière, au sein des commissions opportunistes, montées de toute pièce pour la circonstance. Des stratégies peu recommandables qui ont, pour le déplorer, coûtées 24 heures de détention en cellule à un confrère dont on tait le nom.

Au regard de ce sombre tableau, nous sommes en droit de nous demander si la presse privée gabonaise a commis un crime de lèse-majesté à l’encontre des dirigeants, pour mériter autant de mépris, d’acharnement et de discrimination ???

A suivre…

Valéry M.

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