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Gabon / Justice : SYNAMAG, « Ventre affamé n’a point d’oreille »

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Ventre affamé n’a point d’oreille. Ceux qui doutaient encore de l’indépendance de la justice gabonaise vont être réconfortés par les propos tenus récemment par le président du syndicat national des magistrats (SYNAMAG), Germain Nguema Ella, qui affirmait sans détour qu’un « juge affamé est sensible au non-respect de la déontologie » et à la corruption.

Accusant le gouvernement de précariser les magistrats en n’améliorant pas la situation des magistrats souvent de longs mois sans salaire, le leader syndical judiciaire affirme pourquoi la corruption gangrène le milieu judiciaire et impact donc les décisions rendues.

Germain Nguema Ella s’est confié à nos confrères du quotidien l’Union sur l’indépendance des acteurs judiciaires et leur précarisation.

Pour le patron du syndicat des magistrats, l’on ne peut reprocher à un « juge affamé » de s’adonner à la corruption. Un aveu à peine voilé de l’indépendance factice du monde judiciaire gabonais.

« L’Exécutif a des primes spécifiques, le Judiciaire n’a rien. Nous souhaiterions des états généraux de la justice car, notre justice ne va pas bien », a déclaré Germain Nguema Ella dans cet entretien.

L’indépendance dont rêve les magistrats gabonais n’est pas du pouvoir exécutif mais financière : « Quand je parle d’indépendance, cela ne concerne pas le Ministère public qui, comme on le sait, obéit à l’autorité.

Je parle du juge du siège, qui rend la décision ». Avant de justifier la corruption de la justice gabonaise : « Les magistrats sont obligés de se compromettre parce que l’État ne les aide pas à être indépendants ».

Se défaussant sur le gouvernement, Germain Nguema Ella s’interroge à haute voix : « Comment peut-on demander à un magistrat de dépenser plus qu’il n’en faut.

Pour qu’un magistrat respecte l’éthique, il faut qu’il soit à l’aise. Le magistrat qui va juger des gens et ne sait pas ce qu’il va manger demain, n’est pas un bon magistrat. Et c’est la situation que nous vivons ».

Et d’ajouter : « Le jeune magistrat qui arrive, reste 4, 5, 6 mois sans salaire. Il fait comment pour assumer ses charges ? Voilà comment, dès le départ, on apprend au juge à se débrouiller, et se débrouiller c’est rentrer dans la corruption ».

Et de conclure : « Tant qu’on ne fera pas en sorte que le juge soit à l’aise dans sa vie, quelqu’un qui viendra me parler de corruption sait très bien qui l’a occasionnée.

On ne peut pas dire à quelqu’un qu’il est corrompu sans pouvoir trouver les moyens pour qu’il échappe à cela.

On parle de Sida, mais il y a des moyens de prévention. Quels sont les moyens de prévention du magistrat pour qu’il ne soit pas corrompu ? Aucun », a-t-il déclaré sèchement.r

Srce /Infos241

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